Le Pentagone est satisfait. Pour le chef d'état major interarmées américain, la première phase de frappes aériennes est «un succès». Selon l'amiral Michael Mullen, elle a permis d'instaurer une zone d'exclusion aérienne. La deuxième phase consistera à attaquer les lignes de ravitaillement - à couper le soutien logistique - des forces pro Kadhafi.
Mais le plus haut gradé des Etats Unis le précise, l'objectif de l'opération est limitée, « le but n'est pas de chasser Mouammar Kadhafi du pouvoir ». «C'est un voyou», c'est «un malin» selon l'amiral Mullen. « Il est donc difficile de savoir exactement comment cela va se terminer ». L'opération militaire vise à protéger les civils.
Sur le terrain, la coopération entre le CNT, Conseil national de la transition se passe plutôt bien, comme en témoigne son porte-parole, Mustapha Ghiriani.
Le colonel Kadhafi, lui, a de nouveau promis de livrer un long combat «aux croisés». Son
son fils, Seif El Islam, a tempéré certains propos de son père, affirmant qu'il n'était pas question de viser des cibles civiles en Mediterranée. Mais à la télévision libyenne, ce sont toujours les discours fleuve de Kadhafi, mais sans Kadhafi qui ne se montre pas.
L’opération « Aube de l’Odyssée » ne fait pas consensus
L'Italie, la Belgique, l'Espagne et le Danemark ont rejoint la coalition en action. Un soutien qui contraste avec les critiques qui émanent de certains pays et organisations. La Russie déplore un « recours non sélectif à la force » qui aurait fait des victimes civiles. L'Union africaine appelle « à la cessation immédiate des hostilités ». La Turquie demande aux autres membres de l'OTAN de revoir leurs plans d'intervention.
Amr Moussa, le secrétaire général de la Ligue Arabe qui avait soutenu la résolution de l'ONU, dénonce, lui aussi, des bombardements de civils et convoque une réunion extraordinaire de l'organisation. Visiblement, la Ligue arabe est troublée par les images de cadavres alignés à côté des chars libyens pulvérisés par les premières frappes occidentales. Amr Moussa estime que ces opérations diffèrent de l'objectif défini par la résolution 1973, à savoir l'imposition d'une zone d'exclusion aérienne pour protéger les civils.
« Ce que nous voulons , dit aujourd'hui Amr Moussa, c'est la protection des civils et non pas le bombardement de davantage de civils ». Un point sur lequel il avait déjà beaucoup insisté en approuvant l'intervention demandée par Paris - et cela à l'intention des membres de la Ligue arabe - est qu'il n'était en aucun cas question d'envahir et encore moins d'occuper la Libye.
De fait, la résolution 1973 exclut tout déploiement terrestre de troupes étrangères. Mais il est clair qu 'interdire l'espace aérien implique de clouer au sol la flotte libyenne. De même la protection des civils libyens exige la destruction des chars et de tous les dispositifs offensifs du colonel Kadhafi sur terre comme en mer.
Enfin protéger la population ou bien soutenir des rebelles, cela fait quand même une différence embarrassante pour les pays arabes en proie à la contestation. Même si l'Arabie Saoudite, par exemple, a appuyé en coulisses l'idée de chasser du pouvoir son vieil ennemi Kadhafi. Le Qatar et les Emirats Arabes Unis sont jusqu'à présent les seuls candidats à une contribution militaire sous commandement occidental.
Pour Ezzedine Bach Chaouch, ministre tunisien de la Culture, la Tunisie est solidaire du peuple libyen et ce qu'elle veut avant tout, c'est que chaque camp évite de faire des victimes dans les rangs des civils.