Salon de Detroit 2011: l'industrie automobile américaine redémarre en trombe

Le Salon de Detroit, premier rendez-vous de l’année pour les constructeurs automobiles d’Amérique, ouvre ses portes ce lundi 10 janvier 2011. Après deux ans de crise, les constructeurs américains reviennent en force et tablent sur 14 millions de véhicules vendus. Il reste donc du chemin à parcourir. Avant la crise, les ventes se situaient aux alentours de 15 à 17 millions.

Le Salon de Detroit est une occasion en or pour les Big Three (General Motors, Ford et Chrysler) de montrer que la crise est bien derrière eux. Des pertes lourdes, un endettement colossal, des parts de marché cédées aux concurrents asiatiques, on a tout vu pendant cette subite dégringolade des ventes. Et même un dépôt de bilan pour GM et Chrysler, sauvés de justesse grâce à une perfusion en millions de dollars d'aides gouvernementales. Detroit sert de baromètre à l'industrie automobile américaine. Elle va mieux, mais ce n'est pas encore la pleine forme. Onze millions et demi de véhicules ont été vendus en 2010 aux Etats-Unis et près d'1,6 au Canada.

La productivité a un prix

On est toutefois loin de creux de la vague des deux dernières années, mais ce renouveau a un prix, comme l’explique Yan Cimon, spécialiste de l'industrie automobile nord-américaine, professeur à l'Institut québécois des hautes études internationales : « Les structures des coûts ont été énormément comprimées pendant la crise, et les conditions de travail se sont alignées sur les usines étrangères présentes sur le sol américain. Résultat : moins de bénéfices de santé pour les travailleurs, mais aussi plus de flexibilité dans l’emploi et une plus grande productivité. Tous ces facteurs devraient permettre à terme aux usines des Grands trois qui sont General Motors, Ford et Chrysler de devenir concurrentielles par rapport à leurs consœurs d’Europe, et même à certains marchés émergents ».

Les petits joujoux technologiques

A Detroit on attend surtout Chrysler et son nouveau partenaire Fiat. Les premières Fiat 500 disponibles sur le marché américain se sont vendues en moins de 12 heures. Ce qui prouve que les Américains se laisseraient volontiers séduire par cette petite italienne. Et ce n'est pas la seule nouveauté du salon.

Ce qui attend les visiteurs c’est d’abord les produits innovants, et parmi eux la Chevrolet Volt, une voiture hybride, la première voiture électrique capable de générer sa propre électricité. Beaucoup d’accents ont été mis également sur la technologie dans les véhicules. Ford présente un système de navigation « SYNC ». C’est littéralement un mini- ordinateur de bord avec un GPS et un téléphone mobile, qui permet d’obtenir les rapports de circulation, de disposer des directives de conduite, de rechercher les commerces ou d’écouter de la musique. Tout cela à l’aide de commandes vocales ! Le constructeur General Motors propose quant à lui un système de navigation « OnStar » qui met plutôt l’accent sur la sécurité et la rapidité d’assistance en cas d’accident. Il sert aussi bien d’interface entre le conducteur et les services d'urgence, qu’au déverrouillage des portes lorsque vos clés sont restées à l'intérieur. Il permet de localiser le véhicule volé. Et si vous n’arrivez pas à retrouver votre voiture garée, vous n’avez qu’à mettre en marche son klaxon !

Les Européens sur le marché américain

Du côté des constructeurs européens, ce sont Volkswagen, BMW, Mercedes ou encore Volvo qui mènent la danse. Les Français peinent encore. Comme le remarque Bertrand Rakoto, consultant à la société d'analyse RL Polk : « Le cas des constructeurs français reste à part. Ils sont tournés plutôt vers d’autres marchés, l’Amérique latine ou depuis quelques années l’Asie ».

Il vaut mieux s'associer à un groupe américain si on veut vendre aux Etats-Unis. Telle était la stratégie du constructeur italien Fiat qui a pris le contrôle de Chrysler au moment où la marque de Detroit se trouvait au bord du gouffre financier. Cette croissance externe a permis à Chrysler d’avoir plus d’options en Europe, mais aussi à Fiat d’avoir une implantation en Amérique du Nord. « Un partenariat reste une alternative intéressante pour les constructeurs français », rappelle Bertrand Rakoto. « Comme PSA qui s’est rapproché de Mitsubishi, disposant d’un réseau de distribution, Renault à travers son partenaire japonais Nissan pourrait d’ici quelques années songer à vendre aux Etats-Unis ».

Après la Smart et la Fiat 500, les petites voitures citadines cherchent à conquérir le marché américain en pleine mutation. Toyota qui a subi des milliards de dollars de pertes après le rappel de véhicules défectueux va lancer en 2011 sa nouvelle mini, la Toyota iQ.

Salon automobile de Detroit : http://www.naias.com/
 

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