Avec notre correspondante à Rio de Janeiro, François Cardona
« Jeanne d’Arc de la subversion d’une intelligence remarquable ». C’est en ces termes ironiquement élogieux que les militaires décrivent la guérillera Dilma Rousseff.
Après plusieurs refus, le tribunal supérieur militaire a finalement déclassifié certaines archives constituées par la dictature entre 1964 et 1985. Des extraits concernant notamment l’arrestation de la future présidente ont été publiés par O Globo et Folha, les deux grands quotidiens du pays.
Accusée d’avoir préparé des attaques de banques
Ils confirment dans une large mesure des faits déjà connus. Dilma Roussef était membre du groupe d’extrême gauche Avant-garde armée révolutionnaire Palmares. Arrêtée en 1970, à l’âge de 23 ans, la jeune Dilma était accusée d’avoir organisé des grèves, et surtout d’avoir préparé des attaques de banques, sans pourtant y participer.
Mais une information en particulier suscite la polémique au Brésil. Très durement torturée, Dilma Roussef aurait révélé certains noms de ses compagnons de lutte, et des lieux de rencontre clandestins. La future présidente ne s’est exprimée que très rarement sur cette sombre période de sa vie. Pourtant, il y a deux ans, au Sénat, elle avait martelé, prise par l’émotion, qu’en dépit de la douleur elle n’avait jamais parlé à ses tortionnaires.