Avec notre correspondante à Port-au-Prince, Amélie Baron
L'administration pénitentiaire vient de confirmer la mort de trois détenus de Port au Prince, décédés dans le week-end des suites de diarrhées aiguës.
Les analyses sont encore en cours mais les symptômes et la fulgurance des décès semblent indiquer qu'il s'agit bien de cas de choléra. Pour l'heure, sept détenus sont malades, quatre d'entre eux, dans un état de déshydratation sévère, ont été transférés à l'hôpital de Port-au-Prince.
La promiscuité, vecteur de propagation de l'épidémie
Dans la plus grande prison du pays, les conditions de détention ont toujours été catastrophiques, régulièrement dénoncées par les experts indépendants des droits de l'homme, et elles se sont empirées après le séisme du 12 janvier : une partie des bâtiments étant détruits, les prisonniers sont désormais regroupés dans les deux quartiers intacts.
Le directeur de l'administration pénitentiaire, Jean Roland Célestin, s'inquiète aujourd'hui car il sait que la promiscuité est un vecteur de propagation de l'épidémie. Aussi, il a expliqué que la prison n'ayant pas honoré une dette auprès d'une compagnie privée, le ramassage des ordures s'y opère désormais au ralenti.
Tout ceci laisse indiquer que le nombre de cas de choléra risque d'augmenter rapidement au Pénitencier national, où plus de 1 500 détenus sont actuellement incarcérés.
Lundi, des manifestations importantes ont éclaté au Cap Haïtien, dans le nord d'Haïti. La deuxième ville du pays a été bloquée par les défilés. Alors que l'épidémie de choléra fait des dizaines de morts dans la région, la population a le sentiment d'être laissée à l'abandon et a connu un accès de fébrilité après la propagation d'une rumeur selon laquelle les soldats de l'ONU auraient introduit le choléra dans le pays.