La conférence de presse avait lieu le lundi 27 septembre au Palais de Miraflores à Caracas, au lendemain des législatives. L’intervention est retransmise obligatoirement par toutes les télévisions et toutes les radios nationales, privées et publiques du pays.
Après une heure et demie d’intervention du président, Andreina Flores, correspondante de RFI au Venezuela, pose la question suivante à Hugo Chavez : « Président, vous avez parlé de 5,4 millions de votes pour le PSUV [parti présidentiel] contre 5,3 millions pour la Mesa de la unidad [opposition]. La différence entre les deux chiffres est d'à peine 100 000 votes. Il est difficile de comprendre, surtout pour ceux qui nous écoutent dans d'autres pays, qu'en obtenant presque le même nombre de votes que le PSUV, l'opposition a obtenu 37 sièges de moins. Je me demande si cela confirmerait la thèse de l'opposition qui soutient que le redécoupage électoral a été fait dans l'intention de favoriser le PSUV, ou peut-être, ce qui serait pire, si un vote du PSUV en vaut deux. »
Après quelques instants d’hésitation, Hugo répond par l’attaque : « Tu as lu la Constitution ? Tu as écouté ce que j’ai dit ? Non, je vois que tu ne prends pas de notes. RFI a menti il y a quelques jours, j’ai demandé un rectificatif, mais vous l’avez ignoré… Ne participe pas à la manipulation générale. Tu nous amènes la thèse de la Mesa de la Ultra derecha et tu la répètes comme sur tous les canaux de l’opposition pour tromper le peuple (…) Ta question n’a qu’un but : déstabiliser le régime. Je dirais que ta façon de travailler est … inqualifiable. »
La direction de RFI a adressé au lendemain de cette mise en cause le courrier suivant à Hugo Chavez :
Monsieur le Président,
Dans la conférence de presse avec la presse internationale lundi 27 septembre 2010, la correspondante de RFI à Caracas Andreina Flores vous a posé une question sur la différence entre le nombre de voix et le nombre de sièges obtenus par l’opposition lors des dernières élections au Venezuela.
Dans votre réponse vous avez pris à partie notre correspondante, Andreina Flores, qui travaille pour RFI depuis plusieurs années. Elle a effectué de nombreux reportages au Venezuela et dans d’autres pays d’Amérique Latine. RFI se porte garant de ses qualités professionnelles et de son honnêteté intellectuelle.
RFI veille particulièrement au strict respect des règles de déontologie attachées à la profession de journaliste. Madame Flores n’a pas, dans les questions formulées, dérogé à ces règles, et conserve toute la confiance de sa direction.
Par ailleurs, vous avez mis en cause l’exactitude et la qualité des informations diffusées par RFI en parlant de mensonges. Vous avez également expliqué avoir demandé des explications à RFI dans le passé sans avoir obtenu de réponse.
Nous tenons à vous informer qu’une telle demande émanant de vous ou de vos services n’est jamais parvenue à RFI. Nous vous rappelons que RFI est une radio internationale basée à Paris et faisant partie de l’Audiovisuel extérieur de la France, organisme public tenu à une charte de déontologie qui s’applique à tous ses programmes et qui engage également ses correspondants partout dans le monde.
Nos informations concernant le Venezuela sont destinées à un public international. Si vous le souhaitez, Monsieur le Président, RFI vous invite à vous exprimer sur ses antennes dans le cadre d’un entretien.