Après la mort de Mono Jojoy, les négociations vont-elles s'ouvrir entre le pouvoir colombien et les Farc ?

En procédant à l’élimination de Jorge Briceno, alias « Mono Jojoy » le plus puissant des chefs militaires de la guérilla des Forces armées révolutionnaires colombiennes ( FARC ), l’armée porte un coup très dur à cette organisation. C’est au cours d’un bombardement opéré dans la nuit de mercredi 22 au 23 septembre 2010, que ce chef des FARC a péri, avec vingt-sept de ses combattants. Cette nouvelle donne qui assoie le pouvoir du nouveau président colombien, ouvrira-t-elle la voie à de possibles négociations entre la guérilla et les autorités ?  

Avec notre correspondante à Bogota, Marie-Eve Detoeuf

Le « Mono Jojoy » était considéré comme le grand stratège des FARC, le chef de la ligne dure au sein de l’organisation armée. Les militaires voulaient sa peau depuis la rupture des dernières négociations de paix en 2002. Il avait 57 ans, bedonnant et diabétique, mais commandait encore les troupes du bloc oriental dans le sud-ouest du pays, et il était devenu, selon les termes du président de la République « le symbole de la terreur et de la violence ».

Un coup très dur pour le moral des troupes de la guérilla

« Mono Jojoy » faisait l’objet d’une soixantaine de mandats d’arrêt dont assassinat, prise d’otage, terrorisme, trafic de drogue, Le gouvernement affirme que sa mort est le coup le plus dur jamais porté aux FARC. Ce qui n’est peut-être pas faux.

Très jeune, le chef des guérilleros avait pris les armes. Il était devenu le protégé de Manuel Marulanda, le chef historique des FARC, mort en 2008. Le « Mono jojoy » était aussi charismatique au sein de l’organisation qu’il était haï par le reste des Colombiens. Sa mort va être un coup très dur pour le moral de troupes de base de la guérilla.

Les coudées franches pour Juan Manuel Santos

Il est difficile d’évaluer l’impact militaire de la disparition du « Mono Jojoy » pour les FARC, car elle dispose de réserve. Reste à savoir si Alphonso Cano, grand chef de l’organisation, va désormais avoir les coudées franches pour engager son organisation sur la voie des négociations, ce que lui propose le gouvernement.

Le président Juan Manuel Santos, qui a pris ses fonctions il y a un mois et demi, marque un point fondamental. Il vient de démontrer qu’il peut faire aussi bien que son prédécesseur, le charismatique Alvaro Uribe en matière de sécurité. C’est dire que Santos à maintenant les coudées franches pour gouverner comme il l’entend et éventuellement, dialoguer avec la guérilla.

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