La motion est rejetée, et restent sans effet les pressions de dernière minute, dont celle de Lady Gaga, pour qu'assez de sénateurs acceptent d'envisager un progrès historique en faveur de la communauté homosexuelle. La minorité républicaine au Sénat a fait jouer avec succès la procédure de blocage appelée filibuster, empêchant la majorité démocrate, qui sur ce vote a pourtant réuni 56 sénateurs sur 100, d'aller plus loin.
La vaste loi de financement du Pentagone qui était en jeu est donc enterrée, mais l'obstruction républicaine visait avant tout deux dispositions jugées beaucoup plus sociales et politiques que proprement financières.
Premièrement, le « Dream act », ou loi du rêve, qui aurait permis à de jeunes étrangers arrivés enfants aux Etats-Unis avec des parents en situation irrégulière de « gagner » leur citoyenneté, en servant dans l'armée ou en réussissant des études universitaires.
Et deuxièmement surtout, l'abolition de la politique « Don't ask, don't tell », ou ne demandez pas, ne dites pas, qui est appliquée dans l'armée aux homosexuels. Puisque la seule façon aujourd'hui pour les gays et lesbiennes de devenir soldats est de cacher leur homosexualité.
A quelques semaines des élections du 2 novembre, les démocrates, menacés de perdre leur majorité au Congrès, courtisaient clairement avec ces deux textes, les électorats hispanique d'une part, et homosexuel de l'autre. Malgré l'échec de la manoeuvre, ils espèrent avoir montré aux uns et aux autres qui les soutient.