Le Sénat américain bloque l'abolition du tabou de l'homosexualité dans l'armée

Le Sénat américain a refusé le 21 septembre d'ouvrir le débat sur l'abrogation de la loi qui impose aux soldats homosexuels de dissimuler leur orientation sexuelle. Les élus se sont prononcés par 56 voix contre 43, soit 4 voix de moins que nécessaire pour lancer le débat sur la loi de financement de l'armée, qui incluait une promesse phare de Barack Obama : en finir avec une politique en vigueur depuis 1993. La Maison Blanche s'est déclarée « déçue », promettant de continuer à se battre contre la loi, qui aurait fait renvoyer de l'armée 14 000 soldats. 

La motion est rejetée, et restent sans effet les pressions de dernière minute, dont celle de Lady Gaga, pour qu'assez de sénateurs acceptent d'envisager un progrès historique en faveur de la communauté homosexuelle. La minorité républicaine au Sénat a fait jouer avec succès la procédure de blocage appelée filibuster, empêchant la majorité démocrate, qui sur ce vote a pourtant réuni 56 sénateurs sur 100, d'aller plus loin.

La vaste loi de financement du Pentagone qui était en jeu est donc enterrée, mais l'obstruction républicaine visait avant tout deux dispositions jugées beaucoup plus sociales et politiques que proprement financières.

Premièrement, le « Dream act », ou loi du rêve, qui aurait permis à de jeunes étrangers arrivés enfants aux Etats-Unis avec des parents en situation irrégulière de « gagner » leur citoyenneté, en servant dans l'armée ou en réussissant des études universitaires.

Et deuxièmement surtout, l'abolition de la politique « Don't ask, don't tell », ou ne demandez pas, ne dites pas, qui est appliquée dans l'armée aux homosexuels. Puisque la seule façon aujourd'hui pour les gays et lesbiennes de devenir soldats est de cacher leur homosexualité.

A quelques semaines des élections du 2 novembre, les démocrates, menacés de perdre leur majorité au Congrès, courtisaient clairement avec ces deux textes, les électorats hispanique d'une part, et homosexuel de l'autre. Malgré l'échec de la manoeuvre, ils espèrent avoir montré aux uns et aux autres qui les soutient.

 

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