Les incendies continuent à ravager la Bolivie

Des incendies incontrôlables continuent de ravager les terres forestières de Bolivie. Sept des neuf provinces du pays sont atteintes. En deux mois, 2% du territoire national sont déjà partis en fumée. Les incendies sont dus aux brûlis agricoles que réalisent chaque année les paysans boliviens. La situation est extrêmement préoccupante. Les autorités ont demandé l'aide d'hydravions au Brésil voisin pour contenir les feux.

Avec notre correspondant à La Paz, Reza Nourmamode

Les départs de feux à cause des brûlis agricoles ont augmenté de 25 000 à 34 000 en l'espace d'une semaine à peine et ce sont déjà 2 millions d'hectares de forêt et sous-bois qui ont été ravagés.

Les autorités ont prévenu que le triste record de 2004 avec 6 millions d'hectares brûlés serait certainement battu car la période intense des brûlis ne fait que commencer.

Au moins 50 communautés indigènes Guarayos ont vu leurs villages totalement détruits, et les dégâts sur la faune et la flore risquent d’être catastrophiques, en particulier en ce qui concerne certaines espèces en voie de disparition.

Huit régions sur neuf sont touchées par les épais nuages de fumée, ce qui provoque des problèmes de santé dans la population notamment au niveau respiratoire et oculaire.

Enfin, plusieurs aéroports ont dû être temporairement fermés à cause du manque de visibilité.

Une pratique traditionnelle difficile à encadrer

On l’appelle ici le chaqueo. C’est une pratique traditionnelle des paysans et indigènes boliviens qui tous les ans, provoquent des incendies volontaires afin d’obtenir de nouvelles surfaces cultivables.

Face à cette pratique, le président bolivien Evo Morales, lui-même ancien agriculteur, semble embarrassé et a même parlé de « phénomène naturel » pour décrire les incendies sans vouloir condamner le monde paysan qui le soutient politiquement.

Devant l’ampleur prise cette année par le chaqueo, l’autorité de contrôle des terres et forêts a cependant annoncé vouloir confisquer les terres des propriétaires agricoles qui provoqueraient les incendies.

Mais la mesure semble impossible à mettre en place. D’abord car les petits paysans estiment que les brûlis sont essentiels à leur survie et aussi car tout se passe dans des zones rurales complètement isolées.

La Bolivie manque de moyens pour lutter contre le feu

Le pays le plus pauvre d’Amérique du Sud ne possède par exemple aucun Canadair. Le président Evo Morales a même reconnu que son pays ne disposait d'aucun équipement pour combattre ces incendies et a dû mobiliser l’armée pour combattre le sinistre.

La Bolivie a également demandé officiellement une aide aérienne à deux de ses voisins, l'Argentine et le Brésil.

La Paz devra en tout cas investir dans ce domaine très rapidement, car les brûlis reviennent chaque année. Et les dégâts économiques sont très lourds. Le gouvernement estime déjà à 200 millions de dollars la somme nécessaire à la reforestation.

Partager :