Dans une pétition publiée sur le site de l’agence Anncol, les FARC demandent à pouvoir s’exprimer devant l’assemblée de l’Unasur. « Quand vous jugerez le moment opportun, nous sommes disposés à exposer devant une assemblée de l'Union des nations d'Amérique du Sud notre vision du conflit colombien », peut-on lire dans le communiqué. Les Forces armées révolutionnaires de Colombie soulignent qu'elles veulent prouver leur volonté de parvenir à une « issue politique au conflit » bien que le gouvernement de Colombie « maintienne la porte fermée au dialogue ».
« La porte est fermée et la clé n’existe plus »
La réaction du gouvernement colombien ne s’est pas fait attendre. Pour le ministre de la Défense, Rodrigo Rivera, il n’est absolument pas question de discuter avec une organisation qu’il compare à al-Qaïda. « Imaginez si une quelconque instance internationale ouvrait ses portes à Oussama ben Laden pour qu'il puisse parler de ce qu'il propose aux Etats-Unis, c'est inconcevable », dit-il.
« La meilleure aide que nos amis sur la scène internationale puissent nous fournir, c’est de ne pas appuyer un pouvoir parallèle face au leadership actuel du président Juan Manuel Santos », conclut Rodrigo Rivera. De son côté, le vice-président colombien, Angelino Garzon, rappelle que la libération inconditionnelle de tous les otages détenus par la rébellion est un préalable inamovible.
Comment dans ces conditions expliquer que les FARC proposent malgré tout un dialogue ? Certains observateurs y voient un signe de faiblesse. L'ancien président colombien, Alvaro Uribe, il est vrai, a porté des coups sévères à la guérilla. Il a réussi à faire libérer de nombreux otages par la force et plusieurs hauts responsables des FARC ont été tués dans des actions militaires. Et puis, tout récemment, le climat géopolitique a changé.
Les relations entre la Colombie et le Venezuela se réchauffent. Officiellement, Hugo Chavez est plus sensible aux appels à la répression de la rébellion que lui lance Bogota. Il n’empêche que pour l’opinion publique, la demande des FARC ressemble à un déjà-vu. La dernière tentative de mettre fin au conflit armé date de 1998. Le processus de paix a finalement été enterré quatre ans plus tard, en 2002, faute de résultats par celui qui l’avait initié, le président conservateur Andrés Pastrano Arango.
Aujourd’hui, le successeur d’Uribe, le président Juan Manuel Santos n’est pas disposé à une quelconque ouverture. « La porte du dialogue est fermée et la clé n’a pas été gardée», a-t-il fait savoir lors de son discours d’investiture, le 7 août dernier.
Pas de négociation au niveau international
Dans les colonnes du journal El Colombiano, l’analyste Armando Borrero estime que l’offre de pourparlers de la plus ancienne guérilla d’Amérique Latine était d’emblée vouée à l’échec. A ses yeux, l’Unasur ne peut pas être le lieu d’un dialogue pour résoudre ce conflit vieux de plus de 40 ans. Au mieux, l’Union des nations sud-américaines pourrait-elle aider à établir un contact entre les deux parties.
Mais, selon ce connaisseur du dossier, ce contact devrait s’opérer impérativement sur le territoire colombien. Une organisation régionale n’est pas l’endroit propice à de telles négociations, affirme Borrero. D’après lui, les FARC ont voulu jouer la carte de l’Unasur en pensant y trouver une meilleure écoute. « C’est un peu léger comme approche », commente cet ancien conseiller présidentiel pour la défense et la sécurité.