Depuis que l'accord de libération a été annoncé par le cardinal Ortega et la diplomatie espagnole, le gouvernement cubain s'abstient de communiquer. Les identités des personnes relâchées, les levées d'écrou, les transferts, on les connaît surtout par l'Eglise, par les familles qu'on convoque à l'aéroport, et enfin par Madrid, la destination de tous les libérés jusque-là.
Ce silence officiel a entretenu l'accusation d'exil forcé formulée par les anciens prisonniers eux-mêmes, et par les Dames en blanc leurs épouses qui ont en outre le sentiment que le régime cubain fait coup double en les bannissant elles aussi.
Qu'adviendra-t-il de ceux, une dizaine au moins, dont on sait par leurs proches qu'ils refusent de s'expatrier ? L'Eglise a toujours dit que la sortie du pays n'était qu'une option, pas une obligation. Il n'est pas inutile qu'un officiel cubain le confirme.
Ricardo Alarcon précise que la priorité de Cuba est de sortir de prison ceux qui n'ont pas de sang sur les mains, ce qui est le cas des 52 que La Havane s'est donné quatre mois pour élargir.
Et le président du Parlement cubain ajoute que les libérations pourraient être plus nombreuses que prévu, tout en trouvant excessif le chiffre, avancé par l'opposition, de cent quinze autres prisonniers de conscience. Le progrès est tout de même notable pour un homme qui, l'an dernier encore, niait qu'il y en eut aucun à Cuba.