Depuis quatre ans et sa brusque mise à la retraite sur ordre médical, Fidel Castro n'avait plus guère été vu par les Cubains. De rares photos ou vidéos le montraient, en survêtement, recevant quelques hôtes de marque dans son repaire hyper médicalisé, mais les marques d'une pensée toujours vive et imprégnée d'idéologie, les Cubains devaient aller les chercher dans ses écrits, abondamment publiés par la presse officielle.
Or, en moins d'une semaine, le Comandante se sera montré plusieurs fois, hors de son milieu hospitalier et même en chemisette ! La fréquence de ces sorties, et son agilité mentale lors de l'interview malgré une expression un peu difficile, témoignent sans conteste d'une santé meilleure. Mais pourquoi maintenant, quand son frère Raul est engagé dans une opération de libération de dissidents qui monopolise l'attention internationale ? Est-ce une manoeuvre de diversion, ou l'envie de donner à entendre qu'il tient toujours les rênes à Cuba et que rien de ce qui s'y décide ne peut lui échapper ?
De fait, le Lider Maximo n'a pas fait la moindre allusion au sort de ses opposants. Il prétend placer sa réflexion très au-dessus des contingences gérées par Raul, au niveau des menaces nucléaires que feraient peser sur la planète les provocations américaines. La qualité de ses interlocuteurs, des scientifiques, et le ton alarmiste sur lequel il dénonce un engrenage fatal, l'installent décidément dans le registre supérieur de la paix du monde