BP à la recherche de fonds

Le géant pétrolier, qui a déjà perdu la moitié de sa valeur en deux mois, cherche des financements pour se renflouer et supporter le coût du nettoyage des côtes américaines et celui du dédommagement des victimes.

La marée noire dans le Golfe du Mexique représente un gouffre financier sans précédent pour le géant pétrolier britannique qui a déjà déboursé quelque trois milliards et demi de dollars pour faire face à la catastrophe. Sans compter que BP s’est engagé auprès de l’administration américaine à constituer un fonds de réserve de 20 milliards de dollars pour les opérations de nettoyage et pour venir en aide à tout ceux qui ont été affectés par ce drame écologique. Alors que le groupe a déjà perdu la moitié de sa capitalisation boursière – il valait la semaine dernière moins de 97 milliards de dollars–, plusieurs scenarios sont à l'étude pour regarnir les caisses du pétrolier.

BP a ainsi, dans un premier temps, envisagé de céder une partie de son capital.
Plusieurs candidats à ce rachat partiel ont été approchés la semaine dernière, comme par exemple les émirats d'Abou Dhabi et du Qatar et certains fonds d'investissements du Moyen-Orient. Lors de sa visite dans la région, le directeur général Tom Hayward aurait notamment discuté avec cheikh Mohammed Ben Zayed, l’influent prince héritier d’Abou Dhabi, d’une vente de 10% des actions de BP. Mais il semblerait que cette piste ne soit désormais plus d'actualité après la réticence affichée par ces pays d'investir dans un groupe qui pourrait avoir des démêlés avec la justice américaine.

Des ventes pour plus de 20 milliards de dollars

Dans ce contexte, BP pourrait donc être amené à procéder à des cessions d'actifs. La plus importante concerne le champ de Prudhoe Bay, le plus grand d'Amérique du Nord, situé en Alaska. Le groupe britannique pourrait ainsi céder ses parts à son concurrent américain Apache pour un montant de 12 milliards de dollars. Mais BP n'est pas tout seul à Prudhoe Bay, et ses partenaires dans ce gisement, les deux géants américains Exxon et ConocoPhilips, pourraient faire valoir leurs droits de préemption. Le pétrolier britannique pourrait également vendre les 60% qu'il détient dans l'Argentin PanAmerican Energy, ce qui lui rapporterait quelque 9 milliards de dollars. Il serait enfin prêt à se séparer de certaines de ses activités au Venezuela, en Colombie et au Vietnam pour un total de deux milliards de dollars.

L’ensemble de ces cessions d’actifs devrait permettre à BP d’alimenter son fonds de réserve et couvrir ainsi les frais engendrés par l’explosion en avril dernier de sa plateforme pétrolière dans le Golfe du Mexique. Mais ces ventes ne protègent pas pour autant le géant britannique d’un éventuel rachat. Et certains acteurs du secteur commencent à afficher leur intérêt. C’est le cas notamment de PetroChina, qui a fait savoir dans un entretien au Financial Time qu'il était favorable à un rapprochement avec BP. Le géant chinois, deuxième capitalisation mondiale derrière l’Américain Exxon, est coté à New York, Hong Kong et Shanghai. Il avait annoncé en mai vouloir investir 60 milliards de dollars à l'étranger dans les dix ans.

L’ampleur des besoins en énergie de la Chine a conduit, ces dernières années, les entreprises chinoises à mettre en place une stratégie de développement à l'international destinée à sécuriser leurs sources d'approvisionnement. Un rachat de BP pourrait s’avérer dans ce contexte des plus prometteurs.
 

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