Avec notre correspondant à Buenos Aires, Jean-Louis Buchet
Le scénario est désormais connu. C’est dans une ambiance tendue et chargée d’émotion que sont jugés les crimes de la dictature argentine. Dans le public, des militants des droits de l’homme, des Mères de la place de mai, quelques rares survivants, de nombreux jeunes aussi.
Sur le banc des accusés, des hommes généralement âgés, parfois des vieillards. Le procès Orletti, du nom d’un garage qui servait de façade à un centre de détention clandestin dans les années 70, n’échappe pas à la règle. A une différence près : la plupart des détenus, aujourd’hui disparus sauf exception, n’étaient pas argentins, mais uruguayens, chiliens ou boliviens, victimes du plan Condor, cette internationale de la répression organisée par les dictatures alors en place en Amérique du Sud.
Dans l’affaire Orletti, trois anciens militaires et trois ex-agents de renseignement sont inculpés pour l’enlèvement et la mort de 65 personnes. Au-delà de la vérité due aux disparus et à leurs familles, on attend du procès qu’il démonte les mécanismes qui ont permis aux militaires sud-américains de traquer les militants révolutionnaires du Chili au Brésil et de l’Argentine à la Bolivie, en passant par l’Uruguay et le Paraguay.