Depuis lundi, les «Dames en Blanc», ces épouses, mères ou sœurs de dissidents emprisonnés par le régime castriste lors de la grande rafle de 2003, manifestaient à La Havane. Elles avaient prévu de le faire durant toute la semaine, en se rendant dans différentes églises de la capitale, pour marquer le septième anniversaire de cette vague d’arrestations qui avait abouti à de lourdes condamnations contre leurs proches, « les 75 », comme on les a appelés.
Considéré hors de Cuba comme des prisonniers d'opinion, ces 75 opposants sont présentés par le régime de La Havane comme des mercenaires à la solde des Etats-Unis. Des opposants dont aujourd'hui 53 sont toujours détenus, dans des conditions proches de la torture, selon plusieurs organisations des droits de l'homme.
Mardi, des fidèles du régime ont copieusement injurié ces femmes revêtues de blanc - un signe distinctif dont elles sont parvenues à faire un symbole, à l'image du fichu des Mères de la place de mai en Argentine.
Mais les insultes n'ont pas suffi à dissuader les manifestantes, d'autant moins qu'un mouvement dramatique de grève de la faim est en cours parmi les prisonniers politiques : Orlando Zapata en est mort le 23 février, et Guillermo Farinas en est à sa troisième semaine de jeûne. La police cubaine est donc passée à la vitesse supérieure en embarquant les «Dames en Blanc».