Le retrait de la course de Michael Bloomberg et son soutien officiel à Joe Biden fait de l’ancien vice-président le seul candidat modéré au sein du camp démocrate. Il avait déjà reçu en début de semaine le ralliement de Pete Buttigieg et d’Amy Klobuchar.
Joe Biden a lancé un message d’unité mercredi 4 mars : il a même appelé les républicains à rejoindre son camp et a soigneusement évité de s’en prendre à son concurrent Bernie Sanders. « La campagne dans ces prochaines semaines ne doit pas tourner en attaques négatives », a-t-il lancé à ses troupes, nous rapporte notre correspondante à Washington, Anne Corpet.
Sanders attend le ralliement d’Elizabeth Warren
Bernie Sanders a également déclaré qu’il ne souhaitait pas que la campagne vire à l’affrontement.
Ce sénateur de la gauche du parti peut espérer le ralliement d’Elizabeth Warren, qui a subi un sérieux revers, puisqu’elle n’a même pas réussi à l’emporter dans son propre État, le Massachusetts. Bernie Sanders lui a passé un coup de fil et a déclaré qu’elle n’avait encore pris aucune décision. « Il faut respecter le temps et l’espace dont elle a besoin », a estimé le sénateur du Vermont.
Bernie Sanders veut centrer sa campagne sur le terrain des idées et a appelé à un débat « à la loyale » avec son concurrent
« Déçu », Sanders fourbit pourtant ses armes.
Pourtant au lendemain de sa contreperformance au Super Tuesday, Bernie Sanders a attaqué Joe Biden. « Évidemment, je suis déçu », dit Bernie Sanders en conférence de presse au lendemain d’un Super Tuesday qui a permis à son rival Joe Biden de lui ravir le statut de favori et le devancer en nombre de délégués, selon notre correspondant à San Francisco, Eric de Salves.
Le candidat socialiste ne désarme pas pour autant et propose un débat télévisé pour se démarquer de son concurrent centriste. « Joe et moi avons une vision très différente de l’avenir de ce pays, a affirmé Bernie Sanders. La campagne de Joe est lourdement soutenue par l’establishment industriel, il est financé par au moins 60 milliardaires. Pensez-vous sérieusement qu’un président qui est soutenu par le monde industriel sera capable d’apporter les changements dont les familles à bas revenus et les classes moyennes ont besoin ? »
Pour séduire les Afro-Américains, Sanders veut surfer sur la nostalgie Obama
Immédiatement, Joe Biden rejette cette étiquette de candidat de l’establishment : « L’establishment, ce sont tous ces travailleurs, cette classe moyenne et ces Afro-Américains ». Ce sont ces derniers qui ont sauvé sa campagne, jusqu’ici moribonde, en votant largement pour lui mardi 3 mars, souvent à plus de 60% et qui ont tant fait défaut à son rival socialiste.
Pour les séduire, la compagne de Bernie Sanders diffuse depuis mercredi 4 mars une vidéo à base d’archives qui le montre aux côtés de Barack Obama. Alors que la nostalgie Obama est l’arme absolue de l’ancien vice-président chez les Afro-Américains, le sénateur du Vermont veut également montrer que la proximité avec l’ancien président n’est pas l’apanage de son concurrent.
Chez les électeurs, « tous sauf Trump » toujours et encore
Alors que le Super Tuesday a signé le retour inattendu de Joe Biden, la question principale pour les électeurs démocrates, voire le casse-tête, reste la même : « qui est le mieux placé pour battre Donald Trump ? »
Au lendemain du Super Tuesday, les équipes de campagnes de Bernie Sanders et de Joe Biden ont déjà plié bagage à Rchmond, en Virginie, rapportent nos envoyés spéciaux, Bertrand Haeckler et Achim Lippold.
Liz, une jeune femme, passe devant l’ancien QG du sénateur du Vermont, non sans regret : « Je suis un peu déçue, j’ai pensé que Bernie allait gagner, mais bon, c’est comme ça, avoue-t-elle. Je pense que contrairement à ce que nous affirmons, beaucoup de jeunes ne sont pas allés voter. J’aimerais vraiment que Bernie remporte l’investiture du parti ! Et si ce n’est pas lui, tant pis : tous sauf Trump ! »
Une devise qui guide aussi Neil Tosey. Alors que ce jeune comédien a soutenu Elisabeth Warren, il penche désormais vers Joe Biden. « Je pense que Joe Biden est la personne avec le meilleur profil politique et j’ai failli voter pour lui. Mais j’ai décidé de suivre ma conscience et mon cœur, raconte-t-il. Mais je soutiendrai bien sûr celui qui sera investi par le parti, pour qu’il puisse virer Donald Trump de la Maison Blanche. »
Pas de remords après le désistement de Bloomberg
Chez les électeurs démocrates rencontrés mercredi 4 mars, pas de regret que Michael Bloomberg ait jeté l’éponge. Pamela Margeaux, qui a voté pour Joe Biden, n’a pas apprécié la campagne du milliardaire new-yorkais. « Je ne pense pas que soit un bon exemple pour les États-Unis, critique-t-elle. Qu’un candidat puisse s’acheter comme ça une campagne électorale en vue de devenir président. Mais peut-être Joe Biden va bénéficier financièrement du fait que Michael Bloomberg est sorti de la course ».
Pamela Margeaux serait aussi prête à soutenir Bernie Sanders, s’il le faut, même si elle le trouve trop à gauche : l’objectif majeur reste de récupérer la Maison Blanche.