Et de trois. Après l'Iowa, où il n'avait été devancé que d'un cheveu par le centriste Pete Buttigieg, et le New Hampshire où il était arrivé en tête, Bernie Sanders a encore enregistré un excellent résultat samedi dans la course à l'investiture démocrate pour la présidentielle américaine, avec une large victoire dans le Nevada. Il apparaît ainsi en bonne voie pour aller défier Donald Trump en novembre prochain.
Toujours très populaire chez les jeunes, le sénateur du Vermont est parvenu cette fois à attirer les minorités, l'un de ses points faibles lors de sa tentative ratée de décrocher l'investiture démocrate en 2016 contre Hillary Clinton. Prônant notamment une profonde réforme du système de santé vers une couverture universelle, ce socialiste revendiqué avait alors été perçu comme trop à gauche par une bonne partie de l'establishment démocrate.
« Sa base électorale est en train de s'élargir dans toutes les couches sociales pertinentes pour une présidentielle », observe Philip Golub, professeur de relations internationales et de sciences politiques à l'Université américaine de Paris. Outre les jeunes, diplômés ou non, le septuagénaire semble parvenir à fédérer du centre à la gauche du parti démocrate.
Cela ne fait pas les affaires de Donald Trump qui aurait préféré avoir pour adversaire Joe Biden, longtemps favori des primaires démocrates avant ses déroutes électorales dans l'Iowa et le New Hampshire. « Il sait que Sanders va pêcher dans les terres populaires qu'il avait su mobiliser il y a quatre ans », note Philip Golub. Face à cette nouvelle donne, le président américain va sans doute radicaliser son discours anti-socialiste, anti-syndicats, anti-immigrés, avance encore le spécialiste. « Mais je pense que ce calcul ne sera pas nécessairement gagnant dans un moment où la société américaine cherche apparemment un véritable changement. »
Pour l'heure, le locataire de la Maison Blanche se cantonne à un rôle d'observateur amusé. « On dirait que Bernie le Fou fait de bons résultats dans le Grand État du Nevada. Biden et les autres ont l'air faibles (...) Félicitations Bernie, et ne les laisse pas te voler la victoire ! », a-t-il ainsi tweeté.
Mais la course à l'investiture est un marathon. Bernie Sanders saura-t-il tenir la distance ? Les prochaines échéances seront déterminantes. Requinqué par sa deuxième place dans le Nevada, Joe Biden pense l'emporter samedi prochain en Caroline du Sud grâce à sa popularité auprès des électeurs noirs. Viendra ensuite le « Super Tuesday », le 3 mars, au cours duquel 14 États désigneront un tiers des délégués en jeu dans tout le pays.