« Savez-vous pourquoi vous avez été conduite à la direction des services de police judiciaire ? » « J’ai été conduite à la DSPJ à cause de la sorcellerie. » Question encore : « Est-ce pour dire que vous êtes sorcière ? » « Oui, je suis sorcière. »
Le procès-verbal de l’enquête préliminaire est lu par l’avocat général. Debout devant la cour, deux femmes bras croisés sur le ventre, regard à terre.
Ces procès pour sorcellerie sont complexes explique l’avocat général Benoît Narcisse Foukpio : « Cette infraction-là si on essaye de l’aborder sous l’angle purement cartésien, c’est un peu difficile puisque les faits échappent à l’esprit cartésien, échappent au raisonnement. Donc la pratique de charlatanisme et de la sorcellerie qui est visée par le législateur nous pose sérieusement des problèmes au niveau de la justice moderne. Parce que toute à l’heure, vous avez assisté à ce procès-là vous avez constaté que dans les débats à l’audience, dans l’instruction à l’audience, c’était un peu difficile de rapporter les preuves. »
« Jonas est mort. Jonas est mort de quoi, monsieur le président ? » Personne n’est capable aujourd’hui à Bangui d’expliquer la mort de cet homme. Un déficit d’éléments sur lequel s’est appuyé l’avocat de la défense, Maître Ngama : « Il n’y avait pas de preuve puisqu’on disait tantôt qu’au niveau du quartier il y a des gens qui étaient au courant, mais en dehors des témoins qui étaient cités à l’audience d’autres personnes n’étaient pas venues pour étayer ou bien confirmer d’autres faits. C’est du ragot. »
Les deux femmes ont été acquittées. Ce qui n’est pas toujours le cas. Plus de la moitié des femmes enfermées à la prison de Bimbo le sont pour sorcellerie.