A Bemal, en Centrafrique, le maïs vert pousse sur les bas-côtés de la piste. Les populations sont de retour dans les champs. Mais l'activité agricole reste compliquée dans cette zone. Dans la région de Paoua, de violents affrontements entre groupes armés ont déplacé plus de 70 000 personnes en décembre dernier avant que la Minusca, la mission de l'ONU sur place, ne mette en place des bases temporaires.
« Il y a des hommes armés qui sont là, s'inquiète Hervé, un cultivateur. Ce sont des gens qui se déguisent. Parfois, la Minusca patrouille mais après, ces hommes reviennent. La population ne peut pas aller au-delà de 5 kilomètres du village pour cultiver. C'est notre souci. On est obligés de cultiver proche du village. »
Tout recommencer
Bemal se trouve à deux jours à pied de Paoua, mais seulement à une quinzaine de kilomètres de la frontière tchadienne. Ici, des déplacés ne veulent pas rentrer chez eux car ils sont encore traumatisés. Freddy a quitté son village il y a trois semaines. Ce cultivateur doit désormais tout recommencer.
« J'ai fui avec seulement mes habits, les gens ont tout détruit et ils ont brûlé ma maison, raconte-t-il. J'ai perdu tout ce qui est récolte. J'ai perdu aussi les boeufs que j'avais pour l'agriculture. Pour le moment, on partage ce qu'il y a dans la famille. Je n'ai pas d'autres sources de revenus à part l'aide de mes parents. Mes parents ont plusieurs champs. Je vais leur en demander un pour cultiver. »
Des ONG distribuent déjà des semences pour soutenir les populations dans la reprise de leurs activités. Il faudra des mois à ces communautés pour retrouver leur vie d'avant.
► à (re)lire / (ré)écouter, la série de reportages de notre envoyée spéciale à Paoua
[Reportage 1/3] RCA: à Paoua, huit mois après, l'heure est à la reconstruction
[Reportage 3/3] RCA: à Paoua, huit mois après, une insécurité persistante