Le village de Yocouba porte encore les stigmates du passage des groupes armés. Des bâtiments noirs, sans toitures s'alignent sur le bord de la route. Désiré s'était réfugié à Paoua, mais il a finalement décidé de rentrer : « Tout au village ici, il n'y a pas de maison qui n'a pas brûlé. Toutes ont brûlé. Nous venons chercher un peu de paille et quelques ONG sont venus avec des bâches. Nous avons décidé de rentrer parce qu'il y a un moment où il faut préparer à manger. Quand tu ne travailles pas tu ne peux pas trouver quelque chose pour ta famille. »
Un peu de paille, quelques bâches... les habitants de ce village tentent de rafistoler ce qui peut l'être pour reprendre la vie là où elle s'était arrêtée il y a quelques mois. Mais les défis sont nombreux. Jonnas Betoubam est le responsable de l'école du village : « L'école a été brûlée avant notre départ à Paoua. Il n'y a plus rien, plus rien. Pas de fournitures à l'école. Tout est brûlé, même les tableaux. Tout tout tout a été brûlé. Je m'inquiète pour la rentrée qui s'approche à grands pas. Mais il n'y a rien, rien pour le travail. Ici il y a plus de 500 enfants qui doivent fréquenter. »
Sans vraiment avoir d'autres choix, les gens sont vites repartis aux champs pour nourrir leurs familles. Mais la peur de nouvelles attaques reste bien présente dans les esprits.
► à (re)lire / (ré)écouter, la série de reportages de notre envoyée spéciale à Paoua
[Reportage 2/3] RCA: à Paoua, huit mois après, des déplacés encore traumatisés
[Reportage 3/3] RCA: à Paoua, huit mois après, une insécurité persistante