Deux mois après son entrée au palais d'Arat Kilo, Abiy Ahmed continue sa petite révolution. Son ministre de la Justice a pardonné ou réclamé l'abandon des charges pour plusieurs centaines de prisonniers ou accusés, dont des membres d'un groupe considéré comme « terroriste » par l'Ethiopie. Le nouveau chef du gouvernement a même posé aux côtés de l'un d'entre eux.
Abiy a aussi débuté des discussions avec un mouvement politique exilé. Il poursuit par ailleurs sa tournée dans les différentes régions de l'Etat fédéral. A chaque prise de parole, il promet de l'ouverture, du changement, des réformes.
Plus de 1 000 arrestations depuis mi-février
Il n'avait pourtant pas encore abordé le problème prioritaire pour beaucoup de militants des droits humains : l'état d'urgence. Il avait été instauré un jour après l'annonce surprise de la démission de l'ancien Premier ministre Hailemariam Desalegn, le 15 février dernier. C'était la seconde fois en moins d'un an et demi que cette loi d'exception, prévue par la Constitution, était mise en oeuvre.
Mais le gouvernement a « procédé à une analyse détaillée de la situation sécuritaire », explique le chef de cabinet du Premier ministre. Le Parlement devrait sans problème voter pour la levée de cet état d'urgence, la coalition au pouvoir ayant tous les sièges.
« Mieux vaut tard que jamais », se félicite un activiste sur les réseaux sociaux. « C'est un geste positif du nouveau pouvoir », concède l'opposant Merera Gudina. Le dernier bilan officiel de l'état d'urgence évoque plus d'un millier d'arrestations depuis la mi-février.