Atao Hinnouho Mohamed refuse de s'expliquer sur le fond de l'affaire des faux médicaments, mais il raconte ce qui s'est passé et dénonce « un acharnement politique ».
« Comme prévu, je me rendais chez le juge des libertés. Dans les escaliers du couloir, j'ai été attaqué par les forces de l'ordre, au nombre de six qui m'ont sérieusement molesté avant que le juge n'intervienne pour me sortir de leurs griffes. Une fois dans le bureau du juge, un monsieur entra pour me bousculer. Le juge intervient en ces termes: "monsieur le commissaire, c'est vous qui faites ça? Savez-vous que vous êtes dans mon bureau?" Le commissaire a répondu en disant que je suis en état d'arrestation. Et le juge a aussitôt appelé le procureur qui est venu lui-même devant le juge et a ordonné au commissaire de sortir du bureau, ainsi qu'aux policiers qui étaient dans le couloir. C'est après tout ça que j'ai commencé à sentir un malaise, et le juge a demandé que l'on appelle mon médecin. » Et Atao Hinnouho de conclure : « je ne me reproche rien. Ce sont des acharnements politiques, ils sont en train d'abuser de moi alors que je suis dans un pays de droit. »
Atao peut compter sur ses confrères
L'affaire Atao est le sujet le plus commenté à Cotonou. Dans son quartier, peu d'habitants critiquent l'élu. Il est encore bien vu. Côté politique, les députés de son groupe volent à son secours. Et ça commence par une visite à l'hôpital.
Comment va-t-il depuis vendredi ? Réponse de Nouréni Atchade, député FCBE : « On l'a vu couché, on a parlé avec lui. Sa vie n'est pas en danger. » Un élu brutalisé par la police au Bénin, ça ne passe pas. Cela mérite une explication. Les parlementaires de l'opposition vont adresser une question orale au gouvernement selon Nouréni Atchade. « Nous allons demander au gouvernement de venir à l'Assemblée nationale pour expliquer ce qui s'est passé et savoir si dans un Etat de droit la force publique peut continuer d'agir comme cela ? Est-ce que ces comportements respectent la règle ? »
Suivra la séquence levée d'immunité, une requête du procureur. Il demande la même chose pour deux autres parlementaires de l'opposition dans un autre dossier lié à la filière coton. C'est un ciblage, relève Nouréni Atchade. « Nous sommes pour la lutte contre la corruption mais nous sommes pour une lutte qui n'est pas sélective. »
Sur le sujet, la passe d'armes s'entend tous les jours. Un proche du président Talon lance cette formule, « Monsieur Atao est face à ses responsabilités, il faut que la justice passe. »