Pour de nombreux observateurs des questions migratoires, l'Union européenne est, elle-même, responsable de la dégradation de la situation pour les migrants en Libye, et ce, à cause des accords signés avec les autorités libyennes. Des accords qui visent aussi à bloquer les migrants à la frontière méditerranéenne via la formation de garde-côtes libyens.
Pour protéger ses intérêts, l'Union européenne ne veut pas savoir ce qui se passe pour ceux qui sont interceptés et envoyés dans des camps de rétention. C'est le constat que font plusieurs organisations telles que Médecins sans frontières, comme l’explique Hassiba Hadj Sarahoui, responsable du plaidoyer pour MSF : « A MSF, on a d’abord pensé que l’Union européenne ne savait pas, donc on a beaucoup partagé d’informations avec l’Union européenne en leur disant ce qui se passe, les témoignages que nous recueillons, ce que nous voyons, ce que nous entendons. Clairement, ça ne suffit pas et on voit une espèce de fuite en avant de la part de l’Union européenne ou l’on vous dit "on va améliorer les conditions de détentions" mais c’est un jeu de dupe, c’est surtout s’assurer que personne n’arrive en Europe ».
Plusieurs ONG dénoncent aujourd'hui l'argent versé notamment par le gouvernement italien à des milices qui régulent le flux des traversées. Des milices qui contrôlent aussi les centres de rétention et maltraitent les migrants qui deviennent alors otages d'une situation qu'ils ne contrôlent plus.