Comme tous les sauvetages en mer, celui de la semaine dernière a dû se faire vite. Le canot pneumatique sur lequel avaient pris place plus d'une centaine de personnes était en train de couler. Et les passagers ne savaient pas nager, pour la plupart.
Sur la vidéo diffusée par la Rai, les premiers moments sont habituels : des zodiacs récupèrent les naufragés, ceux qui sont tombés à la mer et ceux qui s'accrochent encore à leur canot. Mais on entend surtout les échanges radio entre les équipages : celui du Sea-Watch 3 d'abord, celui d'un hélicoptère de la marine italienne venu en soutien, et celui des garde-côtes libyens qui récupèrent des naufragés eux aussi.
Mais soudain, tout s'emballe. La vedette libyenne se détourne et pousse ses moteurs à fond. Dans l'hélicoptère, on voit que plusieurs personnes sont encore accrochées à tribord, aux échelles de flanc. On lance donc un ordre aux Libyens : « Coordonnez-vous avec le Sea-Watch. » Mais rien n'y fait : le bateau libyen ne répond pas et continue, les moteurs à fond. La radio de l'hélicoptère hausse le ton : « Ici l'hélicoptère de la marine italienne. Nous vous ordonnons de vous arrêter. Maintenant, maintenant, maintenant ! »
Pas de réponse. La vedette a repris sa route, avec 47 survivants, vers la Libye. Dans son sillage, on a récupéré cinq cadavres, dont celui d'un enfant.