Ouganda: des populations en résistance pour sauver leur terre face à l'or noir

Cette semaine, le président ougandais Museveni et le président tanzanien Magufulli ont posé symboliquement les premières pierres du futur pipeline qui reliera la ville d'Hoima au port de Tanga. Samedi 11 novembre, Museveni était à Kabale pour une cérémonie officielle. C'est de ce petit village que partira le pétrole. Mais dans cette zone, la construction du pipeline et des infrastructures pétrolières ou liées à l'exploitation du pétrole, notamment la raffinerie et l'aéroport, sont demandeuses d'espaces et de terres. En Ouganda, la terre appartient aux populations. L'Etat fait donc face à des difficultés pour prendre possession de ces terres. Le processus se fait au prix de certaines tensions sur le terrain.

L'essentiel des installations liées au pétrole vont se trouver sur les terres du Bunyoro. Une ethnie qui depuis la colonisation se sent déclassée. Et l'arrivée du pétrole tend à amplifier ce sentiment. James Byahati fait partie de l'association de défense des droits des Bunyoro, « Bunyoro Kitara ».

« Nous nous sentons trompés, explique-t-il. Le pétrole apporte de nombreux changements, mais les populations indigènes n'ont pas été prises en considération. Et nous voyons le gouvernement faire venir des gens et les installer sur nos terres. Nos enfants se retrouvent sans biens. Nous n'avons nulle part où nous installer. C'est pourquoi nous menons des actions devant la cour pour obtenir justice. »

Aben possède une ferme, mais il va la perdre, car elle se trouve dans le périmètre de la future raffinerie. Le gouvernement a promis de le reloger, mais cela fait cinq ans qu'il attend. « Je me sens vraiment mal parce que je n'ai pas encore été relogé et maintenant les travaux vont commencer, s’inquiète-t-il. La maison est toujours là, je pourrais tirer avantage de cette maison et la montrer comme une preuve. Mais désormais ils vont tout raser sur le terrain et ils vont détruire ma maison. Il n'y aura plus rien pour justifier ce que j'ai perdu. S'ils veulent me tuer qu'ils me tuent. Je n'irai nulle part si on ne me donne pas une nouvelle maison. »

En attendant, il fait du petit commerce. Selon les ONG locales, entre 10 000 et 50 000 personnes ont été déplacées à cause des activités liées à l'exploitation pétrolière dans la région d'Hoima.

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