Une cinquantaine de personnes a manifesté mardi devant la cour d'appel de Casablanca pour exiger la libération des détenus du Hirak.
« Je trouve qu'ils ont été détenus d'une façon injuste, explique Samira, une contestataire. Ils ne méritent pas d'être en prison, ils ont été pacifiques juste au bout. Ce sont ces arrestations arbitraires qu'on ne comprend pas. »
A l'intérieur du tribunal, l'atmosphère est houleuse dans la salle archicomble où s’est ouvert avec une heure de retard l’audience du groupe de détenus, comprenant Nasser Zefzafi, le leader de la contestation dans le Rif. Ils comparaissaient dans un box aux vitres fumées.
Un par un, une dizaine de détenus a été appelée à la barre pour confirmer leur identité et au bout de 45 minutes le juge a levé une fois, puis deux fois la séance pour remettre de l’ordre dans la salle d’audience. En cause, un manque de places dans la salle dû à la cinquantaine d’avocats venus défendre le leader de la contestation.
Sourire aux lèvres, le point levé, Nasser Zefzafi a harangué ses codétenus et les proches des familles dans la salle au slogan de « Vive le peuple ! ». Les slogans militants fusent, les « V » de la victoire s'échangent.
« Il est décidé, il est fort, il est convaincu, rapporte Me Mohamed Ziane, l'un des avocats du leader du Hirak. La prison n'a rien changé à son amour du pays, à sa passion, à ses convictions. Le procès peut se tenir de manière équitable si on a la volonté. Cette audience est un bon début dans la mesure où je crois qu'il y a des gens qui ont beaucoup de choses à dire. »
Selon la défense, Nasser Zefzafi a été empêché de s'exprimer par le juge alors qu'il tentait, dit-on, de dénoncer l'échec de l'approche sécuritaire des autorités dans le Rif. Le procès a été ajourné au 31 octobre à la demande de la défense.
Ce chapitre majeur dans le feuilleton judiciaire des détenus du mouvement Hirak dans le Rif à Casablanca intervient quelques jours avant la date anniversaire de la mort du poissonnier Mouhcine Fikri à Al-Hoceima, événement déclencheur de la contestation dans le Rif. Les militants sur place assurent qu’aucun rassemblement n’est ni prévu ni annoncé.
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