Desmond Tutu n'a pas sa langue dans sa poche, et il ne se gêne jamais pour exprimer publiquement ses opinions. Cette fois, c'est à Aung San Suu Kyi qu'il s'adresse. Dans une missive polie, mais ferme, le prix Nobel de la paix sud-africain fait part de sa « profonde tristesse face au sort de la minorité musulmane des Rohingyas » en Birmanie.
Desmond Tutu interpelle « sa sœur » Aung San Suu Kyi, qu'il a longtemps perçue comme « un symbole de droiture ». Son accession au pouvoir en Birmanie avait soulevé l'espoir « de voir la fin des violences perpétrées contre les Rohingyas ». « Mais ce que certains appellent un nettoyage ethnique ou un génocide lent a continué », relève le religieux.
« Le silence est un prix trop élevé »
« Si le prix politique à payer pour occuper la plus haute fonction dans votre pays est le silence, alors c'est un prix trop élevé », poursuit Desmond Tutu. « Un pays qui n'est pas en paix avec lui-même, qui échoue à protéger la dignité de son peuple, n'est pas un pays libre. »
A la fin de sa missive, Desmond Tutu fait appel au « courage » d'Aung San Suu Kyi et lui demande de « parler pour la justice, les droits humains, et l'unité de (son) peuple ». « Nous prions pour que vous interveniez dans cette crise », conclut-il. Mercredi, Aung San Suu Kyi est sortie de son silence, pour critiquer « un iceberg de désinformation » sur la crise qui sévit dans son pays.