De notre correspondant régional, Sébastien Farcis
La frontière entre la province birmane de Rakhine et le sud du Bangladesh est démarquée par une rivière, et les Rohingyas persécutés la traversent comme ils peuvent pour sauver leurs vies. Cependant, une fois au Bangladesh, les policiers ne les accueillent pas avec bienveillance. Ils ont même pour ordre d'empêcher les ONG de leur porter assistance.
«Nous avons pu donner de la nourriture aux enfants il y a une semaine, et nous espérons pouvoir nourrir encore 5 000 personnes aujourd'hui. La police des frontières nous laisse le faire officieusement, car elle voit les personnes mourir en traversant la rivière ou arriver exténuées. Le gouvernement ne veut pas être trop généreux, pour éviter que d'autres réfugiés ne viennent. Nous avons déjà plus de 50 000 Rohingyas qui vivent au Bangladesh depuis 1992. Donc mon gouvernement a peur de ne jamais pouvoir les renvoyer», explique Zafrullah Chowdhury, directeur de l'association humanitaire Gonoshashtryia Kendra.
A deux heures de la frontière, l'hôpital de Cox's Bazar est débordé par l'afflux de réfugiés rohingyas blessés. Leurs membres sont cassés ou criblés de balle. Et tous racontent la même histoire. Celle de l'assaut de leur village par l'armée birmane qui a brûlé leurs maisons et les a chassés à coups de fusils entre le 26 et 27 août.