Dès l'entame de son discours devant les parlementaires, le ministre Bruno Koné a été interrompu dans son élan par les journalistes ivoiriens venus participer à la séance. Ces derniers ont déployé une banderole en plein hémicycle sur laquelle on pouvait lire « Non à l'emprisonnement des journalistes ».
Pour Guillaume Gbato, secrétaire général du Syndicat national des agents de la presse privée de Côte d'Ivoire, l'adoption de ce projet de loi soumis par le gouvernement est une entrave pour la liberté des journalistes. « Ces deux projets de loi comportent beaucoup de dispositions clairement attentatoires à la liberté de la presse, que ce soit le projet de loi sur la communication audiovisuelle ou le projet de loi sur le régime juridique de la presse, il y a des dispositions dangereuses par rapport à la dépénalisation que nous avons obtenue depuis treize ans. Revenir à des peines privatives de liberté aussi lourdes serait dangereux pour notre pays. »
Pour les hommes de médias, la nouvelle loi controversée met plus l'accent sur les sanctions que sur les innovations. Elle comporte en son article 90 des peines d'emprisonnement allant de 1 à 5 ans, et une amende de 300 000 à 3 millions de francs CFA pour quiconque par voie de presse incite au vol, au pillage, au meurtre, à la xénophobie, à la haine tribale.
Les journalistes, qui s'étaient déjà rassemblés mercredi 3 mai devant la Maison de la télévision pour une marche pacifique en marge de la Journée internationale de la liberté de la presse, envisagent de poursuivre la mobilisation.