Le « Comité pour l'arrêt du trafic du gaz et du pétrole » est né il y a tout juste quelques semaines mais son action, dans une Libye livrée au chaos, soulage énormément les citoyens qui souffrent d'une situation économique difficile. Le dinar, en effet, se déprécie en permanence face au dollar.
L’initiative de ce Comité a pris rapidement de l'ampleur. L'armée ainsi que de nombreuses forces établies sur l'ensemble du territoire s’y sont jointes et aujourd’hui, ses activités de lutte contre le trafic illégal ne se limitent plus au gaz et au pétrole. Samedi déjà, deux bateaux ont été saisis et les membres d’équipage arrêtés pour avoir chargé illégalement du carburant en face de la ville de Zouara.
Parallèlement, une opération d'une autre nature était lancée à Misrata, dans le centre de la Libye, s’agissant, cette fois-ci, de lutter contre le trafic de ferraille. Ce trafic existe depuis plusieurs années dans le port de Misrata. Ce dernier est aujourd'hui encerclé par des forces sécuritaires. Des camions chargés de ferraille en tout genre sont confisqués. Les forces exhortent les bateaux étrangers à partir, vides, tout en appelant les autorités du port à prendre leurs responsabilités.
Une grande popularité auprès de la population
Ce Comité encore tout jeune est déjà très populaire auprès des Libyens et sa popularité dépasse celle des trois gouvernements et du Parlement rassemblés.
Un hashtag « Nous sommes tous le comité pour lutter contre le trafic… » rassemble des milliers de Libyens et a réussi à regrouper des forces armées de l'Est comme de l'Ouest autour de son action.
Ce trafic affecte des produits subventionnés par l'Etat, notamment le carburant - l'Etat dépense des milliards de dinars pour soutenir ces produits essentiels - mais il touche aussi les tortues sauvages, les moutons, les chameaux et même les armes ainsi que les êtres humains.
« Nous connaissons les trafiquants d'êtres humains, nous connaissons leurs méthodes », indique une source contactée par RFI, sous couvert d'anonymat. « Ce sont des milices islamistes qui s'autofinancent. Parmi elles se trouvent des responsables au pouvoir à Tripoli », dénonce-t-elle.
D'après une estimation de cet organe de lutte contre le trafic « 3 millions de litres de carburant, par jour, fuient vers la Tunisie, 15 millions de litres, par jour, fuient à travers la mer et 21 millions de litres, tous les 25 jours, fuient vers le Tchad et le Niger ».
D'autres sources contactées par RFI, assurent que, Milad Al-Hajrasi, président de ce Comité ainsi que d’autres de ses collègues ont reçu des menaces de mort. Elles assurent, par ailleurs, que des millions de dollars leur auraient été proposés pour les pousser à abandonner la lutte. D'après une source digne de foi, Milad Al-Hajrasi aurait même eu une proposition pour être ambassadeur à Paris.