Sur les pancartes, des noms de rues où ils habitaient naguère, avant les évictions. Parmi les manifestants, il y a Jasmina Salie, âgée d'une soixantaine d'années, elle avait quatorze ans lorsque les bulldozers ont rasé sa maison.
C'était il y a cinquante et un ans, en 1966, 60 000 personnes ont été forcées de quitter les lieux manu militari après que le quartier fut déclaré zone blanche. Noirs, métisses ou d'origine asiatique, tous ont été relocalisés dans des zones éloignées en bordure de mer, une pratique courante du régime d'apartheid qui a vu d'un bon œil ce quartier très bien situé, planté non loin de l'océan et protégé du vent par les gigantesques montagnes qui entourent le centre de Cape Town.
Les revendications des anciens habitants du district 6 relancent la question de la redistribution des terres, son comité de défense souhaite des compensations financières et le droit d'occuper des espaces vides ou des bâtiments, propriétés de la ville et des universités.
Dans un entretien accordé à la presse locale, l'ex-résidente Jasmina Salie évoque son amertume mais surtout la tristesse de sa mère âgée de 89 ans qui, régulièrement, prend un taxi pour se rendre dans le musée district 6, dédié à son histoire et localisé à deux pas de son ancienne habitation.