RDC: plus de 150 000 personnes affectées par les violences dans les Kasaï (OCHA)

Les violences se poursuivent dans les trois provinces du Kasaï, le Kasaï, le Kasaï-Central et le Kasaï-Oriental. Depuis août 2016, des affrontements sont récurrents entre forces de sécurité et milices Kamwina Nsapu. Après les événements de mercredi à Tshimbulu, dans le territoire de Dibaya, qui ont fait quatre morts, cette milice s'est manifestée dans le territoire de Luiza.

Jeudi, un groupe de douze miliciens de Kamwina Nsapu étaient arrivés dans le village de Kamukenji. Ils y avaient passé la nuit avec la bénédiction du chef local. Conduits chez le chef du groupement Akantanda le lendemain, ces miliciens n'avaient pu être reçus et ils avaient rebroussé chemin le vendredi même.

Entretemps, l'armée et la police étaient à leurs trousses. Alertée de l'arrivée imminente de la force publique, la population était allée se réfugier dans la forêt, craignant des représailles. Mais le chef local, celui qui avait reçu les miliciens, était resté dans sa résidence. La force publique a procédé à son arrestation avant de le conduire à Luiza, le chef-lieu du territoire du même nom.

Militaires, policiers et civils tués

La milice Kamwina Nsapu est présentée comme une organisation redoutable dans l'espace kasaïen. Elle avait fait son apparition en août 2015, dans la province du Kasaï-Central, avec cette particularité de s'attaquer à la police et à l'armée.

Selon Ocha (Bureau de la coordination humanitaire de l'ONU), au moins 150 personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité et les partisans de cette milice fondée par Kamwina Nsapu, un chef traditionnel âgé d'une trentaine d'année et médecin de profession, tué le 12 août 2016 à Tshimbulu.

Pour Yvon Edoumou, porte-parole d'Ocha en RDC, jusqu'à présent cette crise est restée « hors radar », mais ne doit pas être sous-estimée. Il invite ONG et bailleurs internationaux à porter secours aux victimes au plus vite et les autorités congolaises à « s'attaquer aux racines de cette crise ».

« Les provinces du Kasaï historiquement n’ont pas connu ce type de violences donc aujourd’hui les regards ne sont pas habitués à regarder vers le Kasaï. On regarde vers l’Est, on regarde vers Goma, on regarde vers l’Ituri et on ne se dit pas que dans d’autres zones du pays il y a des violences. C’est un peu ça le message que nous avons voulu adresser en faisant cette mission, explique-t-il. De dire : écoutez ça fait quand même cinq-six mois qu’il y a des violences répétées et que nous n’avons pas fait assez pour attirer l’attention sur cette crise et aussi pour répondre aux besoins de ces personnes. Assurons-nous que ce qui se passe au Kasaï ne va pas rester sous les radars. On appelle aussi les autorités congolaises à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour s’attaquer aux racines du problème. Sinon après ça va créer encore d’autres tensions, d’autres frustrations. »

Ocha confirme par ailleurs la présence d'enfants mineurs, filles et garçons, dans les rangs des miliciens.

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