En RDC, RSF et l'organisation Journaliste en danger s'associent pour dénoncer « une offensive des autorités contre la libre circulation de l'information à l'approche de la fin » constitutionnelle du mandat de Joseph Kabila, notamment avec l'appel des autorités à couper les réseaux sociaux.
« Récemment, le gouvernement de Kinshasa s’est illustré par un mépris souverain et affiché pour la liberté de l’information avec le brouillage des ondes de RFI, une série d’attaques contre des medias ou des journalistes, des interdictions de diffuser des émissions politiques en province, au Kasaï-Oriental, dénonce Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières. Toute une série de prises de positions qui montrent que le climat général est un climat d’impunité pour ceux qui souhaitent violer la liberté d’information. »
RSF et JED tiennent les autorités de l'Etat, « au plus haut niveau » pour responsables de ce climat. « C’est un moment où il a beaucoup de choses en suspens, poursuit Cléa Kahn-Sriber. Dans la vie politique congolaise, les négociations en cours, l’échéance du 19 décembre qui doit être la fin théorique du mandat actuel du président. La population a besoin d’informations. » Depuis un mois et demi, le signal de RFI est coupé à Kinshasa, et jeudi les autorités ont ordonné un filtrage ou une coupure des réseaux sociaux dans le pays à partir de dimanche, moins de 48 heures avant la fin du mandat du président Kabila.
Amnesty International dénonçait alors une « tentative flagrante de maintenir les Congolais dans l'obscurité à un moment critique ».
« C’est la première fois qu’on m’expulse »
Par ailleurs, la Belgique condamne « la décision prise par le gouvernement congolais d'expulser deux équipes de télévision belges », travaillant pour les chaînes VTM et VRT. Peter Verlinden, journaliste pour la télévision publique néerlandophone en Belgique, expulsé avec deux de ses collègues ainsi qu'avec deux confrères de la télévision VTM, affirment avoir obtenu un visa auprès de l'ambassade congolaise à Bruxelles et avoir été en attente d'accréditation au moment de leur expulsion.
« Je viens ici dans le pays depuis bientôt trente ans, c’est peut-être la cinquantième fois que je suis au Congo [et] c’est la première fois qu’on m’expulse, explique le journaliste au micro de RFI. Je ne peux qu’interpréter cela comme un signe que le pays ne veut pas de gens qui connaissent bien le pays et qui veulent suivre de tout près ce qui va se passer pendant le week-end. » Peter Verlinden précise qu'en plus de 20 ans de carrière à la télévision belge au Congo, on ne l'a jamais empêché de faire son travail. « Ça a été difficile de temps en temps. Mais je pense que j’ai toujours fait mon travail de façon honnête, alors je regrette qu’on ne me donne pas l’occasion de continuer. Naturellement, ce n’est pas un bon signe pour le futur du pays. »