Selon Victor Nyamori, l’auteur du rapport d'Amnesty International, des officiels kényans menacent les réfugiés en leur disant que s’il ne quittent pas les camps d’ici fin novembre, ils ne bénéficieront plus de l’assistance au retour fournie par le Haut-Commissariat pour les réfugiés. Actuellement, l’agence des Nations unies donne 400 dollars à chaque Somalien souhaitant rentrer au pays : 200 au départ de Dadaab et 200 à l’arrivée à Kismayo, une ville de l’autre côté de la frontière, dans la province somalienne du Jubaland.
En mai dernier, le gouvernement kényan avait annoncé la fermeture définitive des camps d’ici le 30 novembre. Une date butoir qu’il avoue aujourd’hui ne pas pouvoir tenir. En effet, plus 200 000 personnes se trouvent encore à Dadaab. Et beaucoup craignent de rentrer en Somalie, où les combats continuent et où les infrastructures sont insuffisantes.
Pourtant, les départs se multiplient : 25 000 personnes sont rentrées en Somalie depuis le mois d’août, selon le HCR. « Mais personne n’a été forcé », assure Eric Kiraithe, le porte-parole du gouvernement kényan. Il ajoute que « le Kenya ne veut plus de ces camps et que tout sera mis en œuvre pour la relocalisation des réfugiés ». Il n’a toutefois pas donné de nouvelle date pour la fin du processus.
« Nous lançons une alerte mondiale pour que le Kenya renonce à ce projet dangereux pour les réfugiés et leurs familles, explique Jean-François Dubost,responsable du programme Protection des populations d'Amnesty International. Mais également pour que la communauté internationale prenne ses responsabilités en faisant pression sur le Kenya, mais aussi en protégeant et en accueillant sur son sol des réfugiés somaliens qui sont bloqués au Kenya et dont le Kenya ne veut absolument plus. Bien que le Kenya dise que c'est volontaire, tout est fait pour contraindre les personnes à quitter le camp avant le 30 novembre, ou alors elles seront abandonnées à leur sort, et probablement renvoyées de force. La communauté internationale ne peut pas encore une fois devant un drame touchant rester impassible. C'est fondamentalement contraire au droit international et aux valeurs qui ont présidé à la Déclaration universelle des droits de l'homme. »