Certains réfugiés sont au Kenya depuis 20 ans. Les plus jeunes sont même nés dans les camps. Autant dire que leur retour ne sera pas une mince affaire, tant leur déracinement est profond. Selon Raouf Mazou, responsable du HCR dans la région, joint par RFI, ce défi doit être relevé.
« C’est sans doute une des opérations les plus complexes que non seulement le HCR mais aussi le gouvernement kenyan et le gouvernement somalien auront à gérer. Cependant, c’est un défi que nous devons relever, ne serait-ce que pour donner la possibilité à ceux qui souhaitent rentrer de le faire, après tant d’années d’exil », a-t-il déclaré.
Le directeur du HCR au Kenya considère également que la communauté internationale doit essayer de fournir une alternative à l’exil de tous ces réfugiés. Il se réfère notamment à « un retour dans des conditions de sécurité et de dignité » dans leur pays d’origine. Et il précise que ce sont des questions de sécurité mais « ce sont aussi des questions d’accès aux services sociaux et la capacité de reconstruire leurs vies, de reprendre les activités génératrices de revenus, de reprendre une vie normale ».
Capacité de la Somalie à absorber ses propres ressortissants
Après plusieurs décennies de guerre, l'une des questions sera la capacité de la Somalie à absorber ses propres ressortissants. Pour Abdurahmane Omar Osmane, porte-parole du gouvernement somalien, joint par RFI, rien ne pourra se faire sans aide internationale.
« Nous voulons qu'à leur retour, ils aient accès à des logements, à des écoles, à la santé. Mais le gouvernement ne peut pas tout fournir. Les Somaliens sont de bons entrepreneurs. S'ils reçoivent une aide, ils pourront reconstruire notre nation », a-t-il souligné.
Autre inquiétude : les shebabs. Les islamistes ont perdu du terrain mais ils occupent toujours une partie du territoire et se servent notamment des réfugiés comme vivier de recrutement. Selon Abdurahmane Omar Osmane, ce retour va couper l'herbe sous le pied des jihadistes.
« Les shebabs se servent du désœuvrement pour laver le cerveau. Mais si on donne à ces réfugiés des perspectives, nous pourrons montrer que les jihadistes n'ont pas leur place dans le pays », a déclaré à RFI Abdurahmane Omar Osmane, porte-parole du gouvernement somalien.
Depuis janvier, 30 à 80 000 réfugiés sont rentrés en Somalie spontanément. Services de base et pacification seront les deux clés pour que le flot continue et que la vie en Somalie devienne plus attractive que celle dans un camp.