Oumar* est arrêté le 9 avril, le jour du vote des militaires. Il est conduit dans les locaux de la présidence. D’autres prisonniers sont là, la tête enveloppée par un tissu noir. Il s’entend dire : « Vous voulez d’un autre éléphant [d’un autre président, ndlr], eh bien nous sommes là et nous y resterons. » Suivent deux jours de tortures : courant électrique, fouet. « Si l’un de nous meurt, explique Oumar, on le jette à l’eau. »
Au seizième jour, le militaire parvient à déjouer l’attention de ses geôliers. « J’ai rampé dans un caniveau qui donnait sur le fleuve, se souvient-il. J’ai toujours des traces de torture sur le corps, je vis caché. »
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Abacar*, lui, est arrêté le 9 aussi, mais avec dix-sept autres. « On nous a enfermés dans un conteneur, il y a eu quatre morts. On nous a fait inhaler du piment placé dans des sacs plastiques qui recouvraient nos têtes. Le mobile de notre arrestation est de ne pas avoir voté pour le président », assure-t-il.
Ce témoignage, ces quelques phrases que RFI s’est procurées, Abacar les a écrites avant d’être à nouveau arrêté, il y a deux mois. Disparu pour la seconde fois.
*Les prénoms ont été modifiés.
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