« Ça a commencé juste là, ils sont entrés par la plantation », explique le chef de la localité de Tenambo, anxieux d’expliquer comment s’est déroulée l’attaque.
« Donc, c’était tout proche de la position des Forces armées de RDC ? », demande RFI. « Oui, oui », répond-il.
La position la plus proche est à moins de 500 mètres de la première victime. Pour l’armée congolaise, les assaillants ont nécessairement été guidés pour éviter de se faire repérer. C’est en tout cas l’une des pistes de l’enquête des FARDC.
« Ils sont entrés dans la cité, mais ces FARDC-là ne sont pas intervenues, même si l’ennemi a tiré. Ces FARDC sont restées dans leurs positions. C’est quand les assaillants se sont repliés que les soldats les ont attaqués », revit le chef de localité.
Et en deux points sur la route nationale, ce sont d’autres détachements de l’armée congolaise qui ont repoussé les assaillants et ont même ramené les biens pillés à la population. Quant aux casques bleus malawites à moins de quatre kilomètres…
« Non, on ne les a pas vus intervenir », confie le chef. « Et c’est un problème ? », lui demande-t-on. « Leur mission, c’est d’en finir avec la guerre et de nous sécuriser. Ça ne va pas s’ils ne le font pas », conclut notre interlocuteur. Ce souhait est exprimé en présence de représentants de la mission onusienne venus s’enquérir de la situation.
Enquête sur les évènements de Tenambo
Un auditeur militaire est arrivé à Beni pour mener des enquêtes suite aux différentes accusations. C'est ce qu'a annoncé le ministre congolais de la Défense. Et il est formel : toutes les allégations son prises en compte.
Y compris, dit-il, celles formulées par le groupe d'experts des Nations unies à l'encontre d'officiers FARDC, et notamment le général Mundos accusé d'avoir recruté des tueurs et ordonné des massacres alors qu'il était en charge des opérations militaires dans le territoire de Beni.
« Tous ces élements sont pris en considération. Lorsque la justice enquête, elle prend tout ce qu'il y a comme indices en considération, quitte à ce que les juges établissent leur véracité. Le procès aura lieu ici et publiquement », assure Crispin Atama Tabe.
Le ministre de la Défense dit en cela répondre aux aspirations de la population et de la société civile. Et pourtant, la réaction de cette dernière est plutôt mitigée :
« Au-delà des enquêtes organisées par l'auditorat militaire de la RDC, nous aimerions voir des enquêtes internationales diligentées par la CPI pour beaucoup plus de neutralité », souhaite Teddy Kataliko, président de la société civile de Beni.
Difficile pour l'armée d'être juge et partie quand des officiers sont accusés, souligne la société civile de Beni, qui estime également une dimension régionale dans cette crise. Raison pour laquelle une enquête internationale se justifie.
La Grande-Bretagne a réagi favorablement à cette promesse du gouvernement congolais. Londres dit attendre aujourd'hui avec impatience de voir les conclusions de cette enquête.