Le gouvernement peine à rémunérer son demi-million de fonctionnaires, qui représente 80% du budget de l’Etat. Même les militaires, pourtant prioritaires, sont affectés. C’est pour régler ces problèmes de liquidités que le ministre de l’Economie a décidé de limiter drastiquement les importations. « On s’achemine de nouveau vers des supermarchés vides au Zimbabwe », met en garde John Robertson, économiste indépendant basé à Harare.
« La plupart de nos industries ont mis la clé sous la porte il y a longtemps. Et celles qui tiennent encore debout devraient investir et acheter des équipements. Et puis la main-d’œuvre qualifiée n’est plus là, elle a quitté le pays. Donc je pense que les magasins auront bien moins de produits à proposer, 70 à 80% de ce qu’ils vendent est importé. Et ces produits ne peuvent pas être fabriqués localement du jour au lendemain », ajoute John Robertson.
Harare souhaite aussi empêcher les capitaux de sortir du pays, pour régler ses dettes auprès du Fonds monétaire international (FMI), mais cela ne veut pas dire que le pays pourra automatiquement s’endetter. « Notre capacité de production s’est tellement dégradée que les bailleurs vont dire que le Zimbabwe ne peut pas se permettre de s’endetter à nouveau », estime l’économiste.
Les freins à l’importation risquent enfin de fâcher l’Afrique du Sud et les autres voisins du Zimbabwe, déjà mécontents de l’augmentation des droits de douane imposés par Harare ces dernières années.