Un Freedom Day sud-africain marqué par des manifs anti-Zuma

Alors que le pays célébrait mercredi le 22e anniversaire de ses premières élections multiraciales, plusieurs centaines de personnes ont défilé dans plusieurs grandes villes du pays pour exprimer leur colère envers leurs élites, notamment la première d'entre elles. Le président Jacob Zuma fait face à un mécontentement grandissant qui trouve ses racines dans des problèmes multiples. Mais c'est surtout le jugement de la Cour constitutionnelle qui agrège les rancoeurs et les appels à la démission du chef de l'Etat. Reportage à Johannesburg.

Sur les pancartes, une injonction : « Zuma doit partir ». Des manifestants de tous âges, de toutes couleurs et surtout de tout bord politique, des centaines au total ont défilé dans plusieurs grandes villes du pays pour demander la démission du chef de l'Etat. Au Cap, à Pretoria, à Durban et à Johannesburg, où ils étaient un peu plus d’une centaine.

Une Constitution bafouée aux yeux des manifestants

Pour Marlene, une Sud-Africaine blanche, venue avec sa mère et sa fille, il est temps que le chef de l'Etat démissionne pour le bien du pays : « Il est corrompu, il est malhonnête. Nous ne pouvons plus être passifs si nous voulons que les choses changent. Même si c'est juste venir ici protester et dire que nous avons besoin d'un nouveau président. Nous voulons tous la même chose, nous voulons du changement, nous voulons une Afrique du Sud meilleure », explique-t-elle.

Président rattrapé par une série de scandales : l'utilisation de fonds publics pour rénover sa résidence privée, corruption liée à un contrat d'armement... Les affaires s'empilent. Mais pour Kheny, un jeune de Soweto, c'est surtout le verdict de la Cour constitutionnelle qui a jugé de président coupable d'avoir enfreint la Constitution, qui a fait déborder le vase. « Nos parents sont morts pour cette Constitution, d'autres sont allés en prison, ils se sont sacrifiés, rappelle-t-il. Donc nous ne pouvons pas accepter que quelqu'un, même un chef d'Etat, ne respecte pas, ne protège pas notre Constitution. Il doit démissionner. »

Pour Sodwa, une mère de famille de Soweto venue manifester, le président et son parti l'ANC ont oublié les plus pauvres. « Le prix de l'électricité augmente, le prix de la farine de manioc aussi et le gouvernement ne fait rien. Au lieu de cela, on voit toutes ces histoires de corruption impliquant nos leaders. Nous disons qu'ils doivent démissionner. Ils ne font que s'enrichir, alors que nous les pauvres nous n'avons rien. »

L'ANC attend les élections test

Les appels à la démission du chef de l'Etat semblent donc avoir des motifs très variés. Ils se multiplient donc depuis le mois dernier.

Sauf que son parti, l'ANC, pourrait le pousser vers la sortie s'ils obtiennent de mauvais résultats lors des élections locales dans trois mois. Présent parmi les manifestants, Leboghang membre de l'ANC, est frustré par les scandales à répétition et les démêlés du chef de l'Etat avec la justice.

« Nous à l'ANC, nous sommes les garants de cette Constitution. Nous avons apporté la démocratie. Si nous ne respectons pas nos règles, notre Constitution, quel est le message que nous envoyons ? Cette marche n'est qu'un signal. Nous savons bien que nous n'allons pas pouvoir remplacer le président, mais nous devons montrer à l'ANC que les gens ne sont pas contents », admet-il.

De son côté, Jacob Zuma ne l’entend pas du tout de cette oreille. Le chef de l'Etat a écarté toute idée d'une démission anticipée. Il s'est exprimé mercredi 27 avril à l'occasion du 22e anniversaire des premières élections multiraciales du pays. Il a appelé à l'unité, devant des milliers de ses sympathisants dans la province du Limpopo.

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