Comores: journée de réflexion avant le second tour de la présidentielle

Aux Comores, les électeurs se préparent pour le second tour de l’élection présidentielle, dimanche 10 avril, où s’affrontent trois candidats. Les Comoriens devront choisir entre l’ancien président, Azali Assoumani, le gouverneur de l’île de la Grande Comore, Mouigni Baraka et Mohamed Ali Soilihi, candidat du gouvernement sortant. La campagne s’est terminée vendredi soir, à minuit. C'est dans une ambiance bon enfant que la population a soutenu, jusqu'au bout, ses candidats. RFI a assisté à cet engagement citoyen des Comoriens.

C’est en dansant dans les rues, en sillonnant l'île au gré des meetings et à prendre parfois des risques en s'entassant à cinquante ou soixante personnes à l'arrière d'un camion-benne que l’on a soutenu son candidat aux élections présidentielles. Cette campagne s'est déroulée comme une grande fête à laquelle tout le monde voulait participer.

Les préoccupations des Comoriens sont toujours les mêmes, à savoir la santé, l'éducation, l'énergie et les routes. Ces thèmes de campagne, largement abordés par les trois candidats, n’ont pourtant pas été à l'origine de cette ferveur.

« Celui-ci est moins pire que les autres » ; « Celui-là va proposer un changement ». Dans les appréciations exprimées, il n'y avait rien de clairement factuel pour les expliquer, mais cela devenait affectif.

Ensuite, il y avait également les joutes verbales avec les amis, la famille, les voisins et même parfois les inconnus. Dans les taxis, dans les files d'attente, à la banque ou encore à la boulangerie, on ne parlait que de ça avec passion mais sans agressivité.

Les Comoriens ont vécu au rythme de cette campagne pendant trois mois et sont impatients d'en connaître le résultat.

Derniers conseils aux observateurs

Pour les centaines d'observateurs déployés pour surveiller le déroulement du scrutin, c'est la dernière ligne droite. L'Institut Gorée, organisation non gouvernementale (ONG) sénégalaise, donnait, vendredi, les derniers conseils aux jeunes chargés d'observer le vote, dimanche.

L’ambiance y est décontractée mais, il ne faut pas s’y tromper, il s’agit bien d’une réunion de travail. Une trentaine de jeunes écoutent Mamadou Seck, le chef de mission, rappeler les objectifs.

« Forcément, des dysfonctionnements il y en aura. Maintenant, le tout est de faire en sorte qu’ils ne persistent pas et que l’on puisse les résorber pour que l’électeur puisse au moins voter dans de bonnes conditions. C’est ça l’intérêt d’un tel dispositif », a-t-il précisé. Les conseils pratiques sont notés sur des cahiers. L’institut Gorée a mis en place toute une procédure pour encadrer les jeunes observateurs.

« Ils me rappellent et me communiquent les données afin de savoir si les urnes sont là, les enveloppes ou encore si les membres du bureau, les assesseurs et les présidents », explique un membre de l’encadrement. Ils seront 35, dimanche, pour centraliser toutes les informations envoyées par les observateurs.

« Je me suis dit que c’est un moyen d’apporter un peu de soutien à notre pays pour qu’on puisse passer à un vote transparent et crédible. C’est pour cela que je me suis engagé, pour qu’on puisse mener à bien le déroulement du vote », explique Ali Mohamed, observateur.

Tout ces jeunes veulent croire que le second tour de la présidentielle se déroulera de manière transparente et que les résultats reflèteront réellement le choix des Comoriens.

« Garantir des résultats acceptés par tous »

La société civile s'organise donc pour surveiller le déroulement du scrutin. Mohamed Farouk Ali est président de l'Observatoire des élections, une association créée en 2002, qui va déployer des équipes dans l'ensemble de l'archipel, dimanche, jour du vote. Il y aura des observateurs mobiles qui circulent de bureaux en bureaux mais surtout des observateurs fixes.

« Nous, les observateurs, lorsque nous passons dix minutes, une heure ou même deux heures de temps dans un bureau, nous ne pouvons pas voir réellement ce qui se passe. Nous avons compris que c’est avec des observateurs fixes que nous allons pouvoir suivre les opérations convenablement. Fraude, pas fraude… Notre objectif c’est de garantir des résultats acceptés par tous. Au premier tour, on n’a pas parlé de fraude mais il y a eu des problèmes de transparence qui ont fait que la population n’a pas tout de suite accepté les résultats proclamés. Donc nous, notre objectif est de faire en sorte qu’à travers nous, la population comprenne ce qui s’est réellement passé et accepte les résultats qui seront issus des urnes », a expliqué Mohamed Farouk Ali, président de l’Observatoire des élections.
 

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