Les FARDC, les militaires de l'armée congolaise, se sont installés à Buleusa depuis un peu plus d’une semaine. Et la nouvelle s’est peu à peu répandue en brousse. Les habitants rentrent par petits groupes pour évaluer la situation. « Là, il n’y a plus de FDLR. Et les FARDC sont déjà déployés. C’est pour cela que nous sommes rentrés, nous constatons que la situation s’est améliorée, explique cet habitant. Mais là où il n’y a pas de FARDC, la population ne peut pas revenir. »
Mais l’armée congolaise n’est pas la seule à sécuriser les environs. Des jeunes armés d’une kalachnikov, de lances et des machettes passent.
Présence maï-maï
RFI : « On a vu des hommes avec des armes qui n’étaient pas des militaires, c’est qui ? » « Oui, ce sont les maï-maï Mazembe, ils aident les soldats du gouvernement à nous sécuriser, affirme un autre habitant. Ils étaient là avant même que les FARDC n’arrivent. » Un groupe local d’autodéfense.
Mais le porte-parole des FARDC pour le Nord-Kivu est formel : il n’y a pas de collaboration entre ce groupe et l’armée. Pour le capitaine Guillaume Ndjike-Kaiko, il est temps que la population rentre à Buleusa. « L’effectivité de la présence des Forces armées de la République démocratique du Congo est là, comme vous l’avez constaté. Vous voyez que le commandant du régiment est là avec la population. Il demande à ce que toute la population puisse rentrer parce que la vie doit recommencer et cette présence va continuer jusqu’à ce que notre population se sente à l’aise », assure-t-il.
Il ne faut pas que les FARDC s’en aillent trop vite, insiste de son côté la population. Les autorités locales du groupement d’Ikobo, là où ces quatre villages ont été incendiés, en appellent à la communauté internationale. « Ce dont nous avons besoin aujourd’hui en urgence, parce que les familles qui viennent de rentrer dorment à la belle étoile, avant même la nourriture, ce dont nous avons besoin et qu’on aimerait que les humanitaires nous apportent, ce sont des bâches et les produits de première nécessité, demande Kasereka Bwanendeke, le chef du village de Buleusa. Nous avons également besoin d’équipement pour l’hôpital et de faire revenir le médecin. Avec la population qui rentre, sans médecin, c’est la catastrophe. Nous en appelons également à la Croix-Rouge pour qu’elle nous aide à enterrer les corps. Les militaires ont trouvé cinq nouveau corps en faisant une patrouille. Il faut que la Croix-Rouge nous aide à les enterrer. »
L'ombre des FDLR
Car même si sur l'axe principal et dans les localités comme Buleusa, Kimaka, Miriki, l'armée congolaise a renforcé ses positions, l'ombre des FDLR plane toujours. Pour les habitants qui sont rentrés chez eux, le calvaire n'est pas terminé : plus de maisons, presque plus de biens personnels et pas de sources de revenus non plus. On peut trouver quelques racines de manioc sur la rue principale, mais c'est à peu près tout. « Nos champs sont éloignés, nous avons peur de nous y rendre, témoigne-t-elle. Nous avons récolté un peu de manioc dans des champs à proximité. Nous avons toujours peur, mais comme nous sommes avec des militaires, ce sont eux qui nous ont permis de récolter un peu de manioc. »
Le secrétaire administratif du groupement d'Iboko est lui rentré samedi. Il confirme cette insécurité. Selon lui, son groupement est loin d'être débarrassé des FDLR. Et il y a encore des risques de tomber sur des FDLR. Une personne a été tuée dans une localité du groupement, vendredi encore, explique-t-il.
Le porte-parole des FARDC pour le Nord-Kivu assure que la traque continue. Deux FDLR auraient été faits prisonniers samedi non loin de Buleusa, devenue aujourd'hui le poste avancé des opérations contre les FDLR.