Des rumeurs d’attaques imminentes des rebelles ougandais ADF circulent à Beni. Depuis Noël, les militaires congolais et les casques bleus onusiens sont plus nombreux dans la ville, mais aussi sur les grands axes Beni - Eringeti et Mbau - Kamango. « La situation sécuritaire est sous contrôle », affirme le lieutenant Mak Hazukay porte-parole de l'opération Sokola 1, chargée de combattre les groupes armés dans la zone depuis deux ans.
Deux années sanglantes qui ont fait au moins 750 victimes, selon le vice-président de l’Association africaine de défense des droits de l’homme : « Ces massacres sont en train d’être perpétrés malgré les dispositifs déployés. La Monusco (Mission onusienne en RDC) est vraiment outillée, mais elle intervient seulement en appui. C’est là le nœud du problème. Au niveau des attaques, la Monusco intervient rarement où la population est menacée ».
Enjeu politique
Dans la nuit du 26 décembre, une nouvelle attaque au nord-est de la ville a fait au moins cinq morts. La société civile réclame des opérations conjointes entre les forces armées congolaises (FARDC) et la Monusco pour parvenir à neutraliser les rebelles ougandais, comme l’a promis le président Kabila de passage à Beni, il y a deux semaines, symbole de l'importance politique qu'a pris la ville dans le jeu politique congolais.
Julien Paluku, gouverneur du Nord Kivu, estime que Beni devrait avoir une importance particulière en 2016. « Je crois que c’est l’épine qui reste au niveau de la république, qui gêne, presque tout le monde, estime-t-il. C’est la raison pour laquelle le chef de l’Etat a lui-même dit que Beni sera désormais le point focal. Beaucoup d’hommes politiques cherchent à se faire une propagande à la suite de ce qui se passe à beni. Malheureusement en Afrique, lorsqu’il y a un cas comme celui-ci, cela est exploité politiquement par des gens alors qu’eux-mêmes n’ont pas la capacité de mettre fin à tout cela. »