Pour la mairie de Kigali, ces réformes n'ont rien à voir avec le rapport de Human Rights Watch. Pourtant, les nouvelles instructions précisent désormais que les personnes détenues au centre de Gikondo sont des personnes «ayant des comportements portant atteinte à la tranquillité et à la sécurité de la population» et que ces comportements sont par exemple le «vagabondage», la « mendicité », le « vol » le commerce non réglementé ou encore tout comportement dangereux. Jusqu'à maintenant, les autorités affirmaient que ce centre n'accueillait que des personnes souffrant d'alcoolisme ou de toxicomanie.
La durée des détentions plus encadrée
Toutefois, le maire de Kigali l'assure, ce centre a un aspect purement social : « HRW disait que c'est un centre qui reçoit les vulnérables, les gens pauvres, ce n'est pas ça. Vous trouverez (dans le centre) des gens qui ont des problèmes, des gens qui deviennent un problème pour eux même et un problème pour les autres ». Dans son rapport HRW dénonçait des « détentions » pouvant aller jusqu'à « plusieurs mois » sans inculpation. Désormais, une personne arrivant au centre ne peut y rester plus de 72 heures avant d'être prise en charge par une commission qui doit l'orienter vers un centre de réinsertion, la remettre à la police judiciaire ou encore la rendre à sa famille. Et ce, sous deux semaines.
Pour le gouvernement, Gikondo n'est pas une prison
Le maire de Kigali reconnait une volonté d'«améliorer le fonctionnement» du centre mais campe sur ces positions, répétant que Gikondo n'a jamais été une «prison» et que ses résidents n'ont jamais fait l'objet de mauvais traitements, comme le dénonce le rapport de HRW .
■ «Une nouvelle légalité au centre de Gikondo»
HRW a réagi à la publication de ses nouvelles instructions. Selon l'ONG de défense des droits de l'homme, elles « donnent une nouvelle légalité au centre de Gikondo ». Toutefois, nuance Carina Tertsakian chercheuse au sein de l'organisation, « il serait trop tôt de dire que les problèmes de Gikondo sont réglés avant de vérifier la situation actuelle, en pratique... même si ces mesures sont appliquées et respectées, poursuit-elle, des centaines de personnes ont été incarcérées à Gikondo (...) et y ont subi des mauvais traitements» pendant des années. Y aura-t-il une justice ou des dédommagements pour ces personnes? », interroge-t-elle encore.
→ Lire le rapport de HRW dans sa globalité