Rwanda: entre les murs du centre de Gikondo à Kigali

Dans un rapport publié cette semaine, Human Rights Watch accuse les autorités rwandaises de faire la chasse aux vendeurs de rues, aux mendiants ou à toute autre personne pouvant nuire à l'image positive de Kigali, et de les détenir illégalement dans un centre de transit qualifié de « prison non officielle » par l’organisation de défense des droits de l’homme. En réponse, les autorités ont invité des journalistes étrangers, dont RFI, pour une rapide visite accompagnée.

Pour pénétrer dans le « Centre de transit et de réintégration » de Gikondo à Kigali, il faut montrer patte blanche à un officier de police. Le centre est organisé autour d'une cour encadrée d'entrepôts relativement vétustes. Assis par terre dans un des bâtiments plusieurs centaines de personnes, en majorité des jeunes hommes, assistent à une messe.

Selon Pontien Sindayiheba, le directeur du centre, la réalité de Gikondo est bien loin de sa terrifiante réputation et du rapport de HRW. Il s'agit d'un centre à vocation sociale, exclusivement à destination d'alcooliques ou de toxicomanes ayant « perdu tout contrôle ». « Ces gens-là sont devenus un danger public, assure-t-il. Alors on les emmène ici pour les réhabiliter. On ne peut pas dire qu'ils ne sont pas d'accord car la plupart se trouvent dans une situation où il ne peuvent pas manifester leur volonté ».
Le directeur dément tout mauvais traitement.

Difficile d'en savoir plus auprès des personnes se trouvant à Gikondo. Le seul résident avec lequel RFI a pu s'entretenir a été choisi par un des responsables du centre. A Kigali, il suffit cependant de tendre le micro à des vendeurs de vêtements à la sauvette pour avoir une autre version. « La police me prend souvent ma marchandise, parfois elle m'emmène en prison au centre de Gikondo, explique celui-ci. J'y reste quelque temps, puis je reviens ici. Je sais que c'est interdit de vendre des vêtements dans la rue, mais vaut mieux ça que devenir un voleur. »

Le jeune homme assure n'avoir jamais été battu, mais évoque des conditions de vie difficiles dans un centre souvent surpeuplé.

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