Chacun a tenté de s’expliquer sur les événements des 2 et 3 octobre 2013. A l’époque, après la découverte du corps d’un enfant de sept ans, une foule en furie avait battu et brûlé à mort deux Français et un Malgache en se basant sur de simples rumeurs de pédophilie et de trafic d’organes. Des rumeurs qui se sont avérées infondées selon l’enquête qui a suivi.
Les uns après les autres, les accusés ont défilé à la barre. Ils sont donc poursuivis pour séquestration et assassinat et risquent la prison à perpétuité. Tous ont tenté de se disculper. « Ils nient tous, puisqu'il s'agit d'une manifestation populaire qu'on n'arrive pas à identifier, estime Me Jackie Razafimandroso, leur avocate, commis d’office. Qui parmi le peuple a accompli cet acte d'assassinat ? »
D’entre tous un témoignage ressort, celui de Tsikombala, 22 ans. Identifié sur une photo des évènements, il a bien reconnu sa présence sur les lieux du lynchage mais rejette l’accusation d’homicide. Pourtant, dans sa première déposition, il avait avoué avoir crié « adieu » à l’un des Français, avant de l’achever à coup de rondin. Aujourd’hui, il dit que ces aveux ont été obtenus sous la menace. Maître André Randranto, avocat des familles des victimes n’est pas convaincu : « C'est du classique. Des accusés qui se rétractent et qui présentent devant la Cour une autre version des faits, en espérant pouvoir se disculper. »
Ce jeudi, après diffusion de photos et de vidéos des lynchages tournées à l’époque par la foule, il y aura le réquisitoire du procureur, puis le plaidoyer des avocats. On attendra ensuite le verdict du juge.