Nouvelle journée, nouveau témoin, un expert est venu présenter l’enquête de personnalité d’Hissène Habré. Une enquête demandée par le juge et réalisée par deux personnes, une était absente ce matin en raison d’un déplacement à La Mecque. C’est madame Diop, psychologue sénégalaise qui est donc venue présenter son rapport.
Dès son arrivée à la barre, elle a décrit les grandes difficultés pour le réaliser. Au niveau du temps, trois mois seulement pour faire ce travail, mais surtout en raison du refus du prévenu de répondre aux questions. « Nous nous sommes rendus à la prison, mais monsieur Habré n’a pas souhaité nous rencontrer, explique madame Diop qui poursuit, le plus grand problème c’est que nous n’avons pas pu nous rendre au Tchad, la Chambre a en effet indiqué qu’elle n’était pas en mesure d’assurer notre sécurité ».
Concrètement, sept personnes ont été interrogées, à Dakar, notamment un fils adoptif de monsieur Habré, deux réfugiés tchadiens et un ami de l’ancien président. Tous ces témoins ont exigé l’anonymat par peur des représailles explique l’expert, qui, pour les mêmes raisons, indique que la communauté tchadienne au Sénégal ne souhaite pas parler de monsieur Habré, car c’est un sujet tabou. L’expert n’a ainsi que travaillé sur la vie du prévenu à Dakar et sur la période récente.
Dans ses conclusions, Hissène Habré est présenté comme quelqu’un de courtois, de respectueux ; ses défauts, il est très tenace avec ses ennemis, implacable, il a une très haute estime de lui qui frise l’orgueil. Si le président de la Cour et le procureur ont remercié l’expert pour son travail, les avocats des victimes l’ont critiqué : « Ce rapport est incomplet, a déclaré Jacqueline Moudeïna à la barre, aucun opposant n’a été interrogé, aucun document d’archives n’a été utilisé, il n’y a rien sur les années au pouvoir, ce rapport ne dit pas clairement qui est Hissène Habré ».