Niger: mobilisation citoyenne et revendications tous azimuts à Niamey

Des milliers de Nigériens ont manifesté ce samedi matin à l'appel de 48 structures de la société civile à Niamey. Restrictions des libertés, mauvaise gouvernance, pauvreté... Des revendications tous azimuts.

Ils étaient des milliers de citoyens à avoir répondu au rendez-vous de la place Toumo. « Nous avons joint notre petite action à celle de la société civile tout entière pour montrer à la face du monde notre ras-le-bol, notre déception en raison de la non-satisfaction d’un certain nombre de nos préoccupations, à nous, enseignants », explique Harouna Maïga.

Sidikou Harouna, responsable de l’ONG EPAD (Ecole, Parrainage, Actions de Développement), affirme quant à lui avoir marché pour deux raisons : « Parce que c’est une marche citoyenne et qu’en tant que citoyen, j’ai le devoir de marcher. Et parce que je représente une voix des sans-voix, celle des enfants. »

Dérives autoritaires, souveraineté nationale

Au cours de ce meeting géant, plusieurs questions d’actualité ont été soulevées par les principaux intervenants. « Nous sommes là pour dire non aux dérives autoritaires, aux atteintes aux droits et libertés reconnues par la Constitution, explique Moussa Tchangari de l’association Alternative Espaces Citoyens. Sur la question de la souveraineté nationale, nous ne voulons pas que notre pays soit transformé en une cour arrière d’un certain nombre de puissances qui vont installer des bases. Nous sommes là aussi pour alerter sur la situation dans la région de Diffa. » A ce sujet, ils ont souhaité voir les troupes militaires mieux équipées pour contrecarrer la menace Boko Haram.

Les accords entre le Niger et Areva ont également été évoqués. Ramatou Soli est coordinatrice du Groupe de réflexion sur les industries extractives. « Vous savez qu’il y a eu une grande mobilisation autour de la signature de conventions entre le Niger et Areva fin 2013. Mais jusqu’ici nous ne connaissons pas la teneur de cette convention », explique-t-elle.

Les orateurs qui se sont succédé à la tribune ont également dénoncé la concession des magasins sous douanes aux groupes Bolloré, les coupures de courant, la gestion de l’épidémie de méningite ou encore l’augmentation du nombre de députés de 113 à 171.

Le porte-parole de l’ARDR (Alliance pour la République, la démocratie et la réconciliation), l’opposition politique nigérienne, Ousseini Salatou, se félicite de la réussite de la manifestation. « En tout cas au niveau de l’opposition, ce n’est pas aujourd’hui que nous avons eu à dénoncer les entraves aux libertés constitutionnelles et aux droits constitutionnels, se réjouit-il. Et nous pensons que n’importe quel citoyen doit répondre à cet appel parce que l’essence de la démocratie, c’est la liberté d’opinion. » La mobilisation s’est en effet déroulée sans incident.

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