John Kerry a passé quatre heures en territoire somalien, et cela est considéré comme un évènement, tant le passif est lourd entre Washington et Mogadiscio, relate notre correspondante à Washington Anne-Marie Capomaccio. Le secrétaire d’Etat est resté à l’aéroport où il a été reçu par le président somalien Hassan Cheikh Mohamoud et son Premier ministre. Il n’était pas envisageable, pour des raisons de sécurité, de se déplacer dans la capitale somalienne, mais le symbole est là.
L’humiliation infligée en 1993 à l’armée américaine a traumatisé les Etats-Unis, l’ambassade avait été évacuée en 1991 et les relations diplomatiques ont été rompues deux ans plus tard. Le Pentagone et le département d’Etat se sont, depuis, repliés au Kenya, ou à Djibouti, et c’est notamment par des tirs de drones que les Etats-Unis se sont impliqués dans la lutte contre les shebabs. Selon la Maison Blanche, depuis 2007, les Etats-Unis ont investi plus d'un demi-milliard de dollars dans l'Amisom.
Pour un diplomate Américain, cette visite est l'occasion « d'envoyer un message fort aux Shebabs », qui imposent une instabilité dans le pays, depuis 2007. Et de poursuivre : « nous continuerons à nous impliquer avec la Somalie jusqu'à mettre un terme à la terreur propagée par les Shebab. »
Aujourd’hui, Washington pense à renouer formellement avec la Somalie, « il faut reconnaître les efforts réalisés par le gouvernement, nous revenons avec espoir et inquiétude », a toutefois reconnu John Kerry sur place.
Les Etats-Unis se laissent du temps. Des préparatifs vont être entrepris pour l’ouverture d’une représentation diplomatique américaine. En février, Katherine Dhanani a été désignée par Barack Obama pour représenter les Etats-Unis en Somalie. Mais cette nomination doit encoreêtre validée par le Sénat. De plus, il est pour l'instant prévu qu'elle gère les relations depuis l’ambassade américaine à Nairobi.