Bénin: tensions à Cotonou, après la convocation d'un opposant

Au Bénin, au lendemain de la proclamation des résultats définitifs des législatives par la Cour constitutionnelle, la situation était tendue ce lundi soir à Cotonou. Ce qui a mis le feu aux poudres, c'est la présence dans la matinée au domicile de Candide Azanaï, un député de l'opposition, de forces de l'ordre venues lui remettre une convocation.

Une foule est rassemblée dans le secteur du stade de l'Amitié, à Cotonou. Un peu plus tôt dans la journée il y a eu des actes de vandalisme, un camion-citerne a été brûlé, la police nationale et les CRS sont actuellement sur place pour contrôler les manifestants.

Tout a débuté dans la matinée. D'après les témoignages de proches de Candide Azanaï recueillis sur place, un détachement de gendarmes et de policiers aurait encerclé la maison du député. Ils seraient entrés dans son domicile pour lui remettre une convocation immédiate à se rendre à la brigade de gendarmerie.

Alertés, des membres de son parti Restaurer l'espoir et de la coalition d'opposition l'Union fait la nation, à laquelle Candide Azanaï appartient, sont venus à son domicile, pour éviter son arrestation. Ce sont tous les leaders de l'opposition qui se sont retrouvés dans la petite cour de la maison. L’ancien président Nicéphore Soglo avait aussi fait le déplacement, ainsi que l'ancien président de la commission des lois. Ils ont raconté qu'il y avait eu des gaz lacrymogènes et entendu des tirs.

Fort dispositif militaire

Très vite, les populations du quartier Zogbo, où vit le député, se sont rassemblées devant chez lui, rejointes par des militants et par de simples citoyens, et elles étaient encore nombreuses en milieu d'après-midi. Beaucoup se demandaient pourquoi des forces de l'ordre étaient venues chez le député, pourquoi la convocation n'avait pas de motif, pourquoi ne pas respecter la procédure concernant les parlementaires qui bénéficient d'une immunité ?

En fin d'après-midi, le périmètre autour de la présidence et autour du domicile du président était bouclé avec un fort dispositif militaire. Contacté par RFI, le porte-parole du ministère de l'Intérieur a indiqué que le ministre était en concertation avec le ministre d'Etat pour analyser la situation.

Selon le secrétaire général du gouvernement, il n'était en fait pas question d'arrêter le député, mais de le convoquer. En cause des propos tenus pendant la campagne. « Candide Azanaï a systématiquement pris le président de la République pour une cible à couvrir d’injures », a expliqué Alassani Tigri lors du journal télévisé. Des propos qui valent une plainte au député. Il devrait se rendre ce mardi après-midi à la gendarmerie avec ses avocats.

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