La journée de samedi a été calme, mais la situation reste très tendue à Malakal, capitale de l'Etat du Haut-Nil, au Soudan du Sud. L’accès à la ville était toujours bloqué, samedi dans la soirée, et il est à craindre que les combats ne reprennent.
Mardi 21 avril, des combats sporadiques ont éclaté entre deux factions de l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA), l'armée nationale fidèle au président Salva Kiir. Ils se sont poursuivis pendant plusieurs jours, jusqu'à ce vendredi 24 avril, à la mi-journée.
L'aide humanitaire bloquée
Pour l'heure aucun bilan n'est disponible. En revanche, plus d'un millier de civils auraient rejoint depuis mardi le camp de l'ONU, qui abriterait désormais plus de 24 000 personnes. « Déjà, depuis le début du mois d’avril, suite aux combats un peu plus au nord dans l’Etat, plus de 4 000 personnes étaient arrivées. Environ 1 500 personnes viennent d’arriver ces derniers jours, rapporte Tsedeye Girma spécialiste des urgences pour l'Unicef. Pour le moment, la ville est apparemment déserte. L’aide humanitaire est bloquée et les personnes dans le camp sont retranchées, ne peuvent pas sortir. »
Cette situation, qui renforce encore les difficultés d’accès des humanitaires à ces régions, est « assez symptomatique de l’indétermination de la situation dans les zones affectées par le conflit », insiste Tsedeye Girma, qui espère que les liaisons aériennes, interrompues pour l’instant, pourront reprendre la semaine prochaine vers cette ville déjà très éprouvée par les combats passés.
Factions Shilluk contre factions Dinka
Depuis des mois, des affrontements sporadiques sont signalés entre les hommes du président Salva Kiir, qui vient de voir son mandat prolongé de trois ans, et ceux de son adversaire, l'ex-vice-président Riek Machar. Une guerre civile qui a démarré en décembre 2013 et a provoqué une catastrophe aussi bien humanitaire qu’économique pour le jeune pays. Les nombreuses tentatives de règlement du conflit n’ont, pour l’instant, pas abouti.
Mais, cette fois, les combats qui se sont déroulés à Malakal ont éclaté entre deux factions de l'armée supposée alliée au gouvernement de Juba. D’un côté, les troupes du général-major Johnson Olony, personnalité de la communauté Shilluk et ex-commandant d’une milice qui a rallié Salva Kiir à la fin de l’année 2013. De l’autre, la garde du gouverneur de l’Etat du Haut-Nil, Simon Kun, alliée à une milice à dominante Dinka, le peuple dont est issu Salva Kiir.
Intérêts fonciers
Sur le papier, ces groupes sont alliés, mais ils le sont de moins en moins sur le terrain. En mars dernier, Johnson Olony a ainsi été convoqué à Juba pour être entendu sur des accusations portées par l’Unicef faisant état de l’enrôlement d’enfants soldats. Surtout, le général-major Olony chercherait aujourd'hui avant tout à défendre ses intérêts fonciers dans la zone de Malakal d'où les Shilluk sont natifs, explique un expert de la région. Un objectif qu’il poursuit quitte à s'opposer à ses anciens alliés, les milices à majorité Dinkas. Quitte, aussi, à compromettre le fragile équilibre qui prévalait jusque-là Malakal.
Après des premiers incidents début avril, les tensions ont resurgi mardi lorsque des hommes du général Olony ont empêché l’un des gardes du gouverneur de Malakal de se rendre à l'hôpital pour des soins. Très vite, le conflit s’est transformé en affrontement armé.