A l’ancestral abattoir d’Addis-Abeba, ce n’est pas un week-end comme les autres. Certes, avec l’explosion démographique et l’amélioration des revenus des familles, la consommation de viande a largement augmenté depuis vingt ans. Mais s’ils sont d’habitude un gros millier à y travailler, il y a ce samedi soir un surplus d’activité que justifie cet homme : « En général, on abat chaque jour un millier de bœufs et 700 moutons et chèvres. Mais là, on devrait atteindre les 3 000 bœufs, et les 2 000 moutons et chèvres. »
Ce dimanche à l’occasion de Fassika, les quelque 40 millions d’orthodoxes du pays devaient en effet manger de la viande sous toutes ses formes, même crue. Et avec d’autant plus d’appétit qu’ils en étaient privés depuis près de deux mois, pour consacrer leur temps aux prières, purifiant leur corps et leur esprit.
Au-delà des messes dans les églises, un prêtre joue un rôle bien particulier, à savoir celui qui bénit les bouchers et les animaux chaque jour à l’abattoir. « Nous faisons cela par respect pour notre Seigneur, dit-il. Bien sûr, je ne bénis pas individuellement chaque personne, mais c'est moi qui choisis ceux qui peuvent tuer les bêtes. Il faut qu'ils aient une attitude parfaite. Mais de manière générale, tous ceux qui travaillent à l'abattoir doivent respecter scrupuleusement les préceptes religieux. »
A l’abattoir, une section est aussi réservée à la viande consommée par les musulmans. Elle est également bénie par un imam.